Analyser les problématiques de la VAE sous un nouvel angle

S’engager, poursuivre ou abandonner son parcours

Solveig Fernagu, Directrice de recherche en sciences de l’éducation au laboratoire LINEACT du CESI, présente une grille d’analyse originale¹, qui permet de repérer les freins et leviers qui « mettent en capacité la personne », de s’engager en VAE, de ne pas abandonner son parcours ou encore d’obtenir une validation totale plutôt que partielle.

L’intervenante, spécialiste des environnements capacitants, des compétences et des organisations apprenantes propose de « regarder ce qui pêche mais aussi ce qui marche dans la VAE, non seulement du côté des individus mais aussi du côté des organisations ».

Il s’agit non seulement de mettre à disposition de la personne des ressources mais aussi de se poser sans cesse la question « Qu’est-ce qui fait que la personne fait tel ou tel choix ? ». Par exemple, qu’est-ce qui empêche la personne de poursuivre son parcours en VAE ? Quel intérêt a-t-elle d’obtenir une certification, quels enjeux² poursuit-elle : accéder ou se maintenir en emploi ou obtenir une augmentation salariale ou trouver ou retrouver de la confiance en soi, de la légitimité auprès de ses pairs

Exemples à l’appui, elle présente une approche qui permet d’analyser le pouvoir d’agir de la personne en 4 points :

1. Préciser l’objectif poursuivi, par exemple rendre la VAE plus attractive ou plus accessible en termes de financement.
2. Identifier, pour chacune des étapes du processus, les ressources mises à disposition, tant du point de vue des individus que des organisations : Quelles sont ces ressources ? Comment se présentent-elles pour la personne mais aussi pour les structures en charge de la VAE ? Est-ce que la personne peut s’en emparer ou pas en réalité, avec quelles difficultés ? Est-ce que ces ressources se télescopent entre elles ? Pourquoi certaines d’entre elles ne sont pas considérées ? Par exemple, l’information sur la VAE est bien délivrée mais pas au moment où la personne est disponible, ni sur le canal d’information qu’elle consulte.
3. Repérer les freins et leviers, appelés facteurs de conversion négatifs ou positifs. Ils concernent aussi bien la personne que son environnement, insiste-t-elle, poursuivant « ce n’est pas parce qu’on a de l’expérience, qu’on a appris de cette expérience et ce n’est pas la durée de l’expérience qui en fait la qualité mais bien les situations rencontrées et les questionnements qu’elles suscitent ou pas ». Coté environnement, ce sont les conditions de l’accompagnement en VAE qui sont questionnées : l’organisation, pas seulement l’accompagnateur, convient-elle à la personne, exemple l’amplitude des horaires proposées, l’accueil à un guichet plutôt que dans un box ? Parvient-elle à comprendre le référentiel de la certification visée ? Peut-elle accéder aisément aux formations complémentaires dont elle aurait besoin ?».
4. Transformer ou renforcer selon le cas les freins et levier repérés. Par exemple, proposer des ateliers d’écriture et de prise de parole en public pour faciliter la rédaction du livret 2 et le passage devant le jury.

En conclusion de son intervention, l’intervenante rappelle que l’engagement de la personne n’est, de toute façon, pas acquis. Il dépend non seulement de sa motivation, de ses propres croyances par rapport aux savoirs et à la formation, par rapport à elle (sentiment de compétences, estimation de chances de réussite, perception des contraintes…) mais aussi du soutien professionnel, amical ou familial dont elle peut bénéficier.

¹ Inspirée des travaux d’A. SENN

² Par exemple, accéder ou se maintenir en emploi ou obtenir une augmentation salariale ou trouver ou retrouver de la confiance en soi, de la légitimité auprès de ses pairs…

Voir l'intervention de Solveig Fernagu lors de la semaine de la VAE 2022 en Auvergne-Rhône-Alpes :