Transcription du webinar du 05/06/25 "Comment l’innovation transforme la formation en 2025 : on fait le point !"
Qu’est-ce que l’innovation en formation ? Une méthode à appliquer ? Des outils numériques ? Un changement de posture du formateur ? L’innovation est aussi influencée par une myriade de facteurs économiques, technologiques, juridiques ou encore culturels. Comment s’y retrouver ? Quels repères utiliser pour se rassurer avant de se lancer ou d’expérimenter ?
Via Compétences vous propose d’explorer ce sujet passionnant en sollicitant des experts qui ont mis en pratique l’innovation. Lors de cette webconférence de 2h, nous parlerons des nouveaux outils et approches qui transforment la formation (serious game, métavers, IA, classe inversée, apprentissage par projet, réalité virtuelle…). Nos invités présenteront des retours d’expérience concrets sur les succès et écueils rencontrés.
Intervenants
- Laetitia FLYE SAINTE-MARIE, ingénieure de formation, dirigeante de Laet’smind - membre du conseil d'administration des Acteurs de la Compétence
- Colin FILLAUDEAU, chef du département Innovation Expérimentation Recherche, École académique de la formation continue (EAFC), Rectorat de Lyon
- Sophie TORRE, directrice générale, groupe Kwark Education
- Olivier KIRSCH, directeur du GIFOD, membre du bureau d’AINOA (ex FFFOD)
- Philippe REQUET, directeur informatique, groupe Arkesys
Webinar animé par Delphine Juban et Brice Cristoforetti, Via Compétences.
Delphine Juban, Via Compétences [00 : 00 : 00]
Bonjour à toutes et à tous et bienvenue à cette webconférence. « Comment l'innovation transforme la formation en 2025 ? On fait le point » qui vous est proposée par Via Compétences, le CARIF OREF de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Vous avez été plus de 640 à vous inscrire à cette webconférence, preuve que le sujet de l'innovation en formation suscite beaucoup d'intérêt. Merci à chacun d'entre vous d'avoir pris ce temps pour nous rejoindre aujourd'hui. Je suis Delphine Juban, chargée de mission Ingénierie de l'orientation et de la VAE à Via Compétences et j'ai le plaisir aujourd'hui de co-animer cette webconférence.
Alors, avant de démarrer, quelques informations pratiques. Cette webconférence va durer deux heures. Vos micros sont coupés pour le confort de tous, mais n'hésitez pas à utiliser le chat pour poser vos questions ou partager vos réactions tout au long de cet événement. Sachez également qu'on va privilégier le format débat entre nos intervenants, donc merci par avance pour votre compréhension si on ne peut pas malheureusement traiter l'ensemble des questions que vous pourrez nous communiquer dans le chat. Enfin, le support de présentation et le replay seront disponibles dans quelques jours sur le site Internet de Via Compétences.
Alors, pourquoi ce sujet aujourd'hui ? L'innovation, c'est un enjeu récurrent dans le domaine de la formation. C'est à la fois perçu comme une opportunité, développer des nouvelles pratiques, d'améliorer la qualité de ses prestations, éventuellement aussi pour répondre à de nouveaux besoins. Et ça peut être perçu également comme un défi, s'il faut a priori peut-être investir, parfois remettre en question des processus déjà bien établis, et également devoir s'adapter à des évolutions, qu'elles soient technologiques ou réglementaires. Parfois, même, l'innovation peut être vécue comme une injonction. Je dois innover pour rester dans la course, ou innover pour innover.
Donc, finalement, on s'est demandé d'abord, déjà, qu'est-ce que l'innovation en formation ? Est-ce que c'est une question d'outils numériques, de nouvelles méthodes pédagogiques, ou d'un changement de posture du formateur ? Ou est-ce que c'est un peu tout ça à la fois ? C'est ce qu'on va tâcher d'explorer ensemble aujourd'hui, avec nos invités experts du sujet, en essayant d'y voir plus clair et de vous donner des repères concrets pour avancer. Pour ça, notre idée c'est aujourd'hui de vous partager des retours d'expérience, ainsi pouvoir identifier des freins, des leviers, des bonnes pratiques et puis, surtout, là, aujourd'hui ensemble, de créer un espace de dialogue entre acteurs engagés sur le terrain.
Cette webconférence s'inscrit dans le cadre du Plan de professionnalisation, qui est piloté par Via Compétences. Ce plan a pour vocation d'accompagner les professionnels de la formation, de l'emploi, de l'orientation et de l'insertion dans le développement de leurs compétences. Ce plan, il vous propose tout au long de l'année des actions variées et ciblées, que ce soit au travers de formations, d'ateliers ou de webinaires. Donc notre webconférence, aujourd'hui, elle fait partie de cette dynamique collective de montée en compétence. On a comme objectif aujourd'hui de pouvoir vous informer, peut-être même vous inspirer dans vos projets d'innovation ou, en tout cas, vous donner à voir, vous partager des retours d'expérience avec des choix d'illustration. Brice, je te laisse la parole pour prendre le relais et nous en dire un petit peu plus sur le déroulé de cette webconférence.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [00 : 03 : 35]
Bonjour à toutes et tous, je suis Brice Cristoforetti, chargé de mission Professionnalisation, merci, Delphine. Alors, écoutez, on va voir le sommaire d'aujourd'hui. C'est un sommaire très simple, on va aller assez droit au but. En fait, dans une première partie, on a choisi de prendre le temps, de définir ce que c'est, l'innovation en formation, quel est le périmètre, quels sont les enjeux. Ça nous paraissait crucial avant de passer à une deuxième période qui sera un peu plus longue, qui va être les expériences terrain. Donc, là, nos intervenants vont à la fois pouvoir intervenir sur la première partie et sur la seconde. Et dans la seconde, ce qu'ils vont partager avec nous, ça va être les bonnes pratiques, les opportunités, les pièges à éviter. Et puis, on terminera avec une conclusion qui va être vraiment basée sur vos retours, vos commentaires. Donc, on va vraiment prendre le temps d'étudier les tendances et les perspectives sur la base de ce que vous nous avez fait remonter dans le chat. Voilà pour le sommaire.
Et puis, nos intervenants, j'en ai parlé, aujourd'hui, on a cinq experts qui vont prendre la parole à tour de rôle et qui vont échanger. Dans ces cinq experts, on a tout d'abord Laetitia Flye Sainte-Marie, ingénieure de formation et dirigeante du cabinet Laet's Mind, et qui est aussi membre du Conseil d'administration des Acteurs de la compétence. On aura Colin Fillaudeau, chef du Département Innovation, Expérimentation, recherche à l'École académique de la formation continue, qui dépend du rectorat de Lyon, donc ministère de l'Éducation nationale. Nous aurons aussi Sophie Torre, qui est directrice générale du groupe Kwark. Nous aurons Olivier Kirsch, directeur du GIFOD, qui est aussi membre du bureau d'Ainoa, ex-FFFOD. Et puis, enfin, nous aurons aussi l'intervention de Philippe Requet, qui est directeur informatique au groupe Arkesys. Donc, voilà pour les experts. Ils vont prendre la parole, ils vont débattre, on a hâte de les entendre. Et on va commencer tout de suite avec la première partie de cette conférence. Je vais donner la parole à Laëtitia Flye Sainte-Marie pour aborder la notion de la définition de l'innovation en formation, et puis le contexte de manière plus générale. Je vous donne la parole Laetitia, merci beaucoup.
Laetitia FLY Sainte-Marie, Laet’s Mind [00 : 05 : 58]
Merci Brice, merci pour cette présentation. Effectivement, aujourd'hui, vaste sujet, l'innovation en formation. Je ne vais pas commencer par vous parler d'innovation. Mon objectif est de dresser un panorama de la formation actuellement. Et pourquoi on en est là, finalement. Pourquoi parle-t-on aujourd'hui d'innovation, même s’il y a 20 ou 30 ans on en parlait déjà ? Pourquoi ça semble, en tout cas, être immédiat et qu'il faut impulser des changements ? Et je laisserai le soin à Colin juste après, qui le fera bien mieux que moi, de définir et de parler d'innovation en formation. Donc, comme vous le savez, puisque vous le vivez aussi, j'imagine, la formation, le domaine de la formation, c'est un domaine d'activité en grande mutation actuellement, mutation conjoncturelle qui va devenir plutôt structurelle, mutation économique et mutation pédagogique aussi. Donc, pour comprendre ces mutations, ce qui nous intéresse aussi, c'est de remonter un peu dans le passé pour voir pourquoi on en est arrivé là et comment notre métier évolue au fil des années, ce qui est très différent en France par rapport à d'autres pays, justement. On a toujours tendance à comparer en se disant, oui, mais la France, on en est là, les autres en sont là, etc. Donc, pourquoi on en est là ? Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Et ce à quoi on aura affaire demain, donc la place aussi de l'innovation dans la formation. Alors, un bref, très, très, très bref retour en arrière, mais notre système de la formation professionnelle découle de l'enseignement, en fait. En France, c'est une spécificité. Donc, on a les mêmes exactement les mêmes aspects, on en vient exactement de la même façon. Ce qu'il faut savoir, c'est que le terme formateur ou formation, lui, apparaît à peu près dans les années 50, en fait, qui a un objectif assez simple, c'est de former des cadres opérationnels en entreprise, ainsi que la manœuvre, bien entendu. Le terme formateur, il arrive un peu par la suite, dans le contexte toujours entreprise dans la fin des années 60 et au début des années 70. Mais ça vient du terme des éducateurs populaires et des moniteurs que l'on a déjà, les moniteurs professionnels de l'AFPA ou les éducateurs populaires. Donc, c'est un terme, en fait, on ne sait pas trop ce qu'il y a encore derrière, et le terme n'est absolument pas validé dans le courant des années 70, puisque l'on retrouve en 1987, par Le Boterf, un certain nombre d'appellations, déjà encore, pour les métiers de la formation et le métier de formateur. Donc, on navigue dans un grand flou. Enseigné, instituteur, professeur, on est OK. Mais alors, formateur, c'est vraiment, vraiment un grand flou. Tandis que parallèlement, le terme, andragogue, donc sur l'andragogie, c'est-à-dire dédié à la formation professionnelle des adultes, et non pas la pédagogie qui est liée aux enfants, le terme andragogue, quant à lui, existe déjà au Québec. En France, on est dans une espèce de nébuleuse, en fait, qui est dans toutes les strates de la formation. Et tant sur les métiers de la formation que qu'est-ce qu'un formateur, mais aussi qu'est-ce qu'un apprenant. Un apprenant, est-ce que c'est un stagiaire finalement, un apprenant, un formé… Personne ne s'accorde sur les faits. Donc, on a une grosse, grosse difficulté de se mettre tous d'accord. On a encore un peu actuellement, et c'est ça qui va être intéressant. Aussi, quand on va parler d'innovation, c'est qui va innover ? Est-ce que tout le monde innove également ? Et on a donc cette grosse difficulté à se mettre d'accord jusqu'à peu près les années 70 et la fameuse année 71 avec la loi Delors, qui commence à réglementer, légiférer dans le domaine de la formation professionnelle. Les années 80 apportent une certaine professionnalisation du métier, mais toutefois, on reste vraiment très segmenté en termes de formateurs. On a les formateurs de l'insertion pro, les formateurs des cadres dans tel domaine qui vont former dans tel domaine, les formateurs dans la banque, qui vont former dans la banque, les formateurs dans les assurances qui vont former dans les assurances. Donc, le métier continue quand même à évoluer, mais il se déchire encore entre appellation, mission et segmentation. Et la question qui demeure, c'est le métier de formateur. Est-il alors un métier permanent ou un état transitoire d'experts ? Puisque la France a cette particularité, c'est qu'à cette époque, et peut-être même encore actuellement, la question peut interroger, plus de 90% des formateurs sont des experts d'un métier qui en arrivent plus tard dans leur carrière, à faire de la formation. Donc, Ils ne sont pas forcément formés à l'andragogie, aux courants pédagogiques, aux neurosciences cognitives, etc., qui d'ailleurs, les neurosciences cognitives de l'apprentissage, arrivent encore bien plus tard. Donc, on parle dans les années 90 des formateurs comme un peu une profession en construction, et ils restent toujours, toujours segmentés par métier. Donc, la formation initiale aussi, on se pose des questions avec l'enseignement supérieur. À partir de quand passe-t-on à la formation professionnelle, continue ? Et à partir de quand reste-t-on dans la formation initiale ? Et que faisons-nous de tout le reste de l'apprentissage, de l'alternance, etc. ? La question demeure encore actuellement. Donc, où s'arrête effectivement cet environnement d'apprentissage ? Tandis qu'actuellement, en évoluant encore, dans les années 90, on est toujours effectivement sur cet état. Et puis arrivent les années 2018, même si on a eu d'autres réformes sur la formation professionnelle, mais je vais passer assez vite là-dessus, notamment avec la loi de modernisation de 2002 avec l'instauration de la VAE. Mais dans l'année 2018, arrive cette fameuse loi que vous connaissez, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui elle légifère et réglemente sur les métiers de la formation et dont l'ensemble des décrets n'est toujours pas encore complètement abouti. Au-delà, et c'est ça qui devient intéressant, c'est que quand cette loi commence à se mettre en place assez vite, finalement les décrets, ça a été à peu près 2020, peut-être 2019 avec l'application 2020, la crise sanitaire arrive au-dessus. Et là, ça change énormément de choses puisqu'on s'aperçoit qu'il faut transformer nos méthodes de formation, nos méthodes pédagogiques pour aller vers des formations en ligne, alors que, pour l'instant, toutes nos méthodes pédagogiques et tout ce que l'on fait, sont sous-tendues pour, enfin pour une grande partie, par des obligations juridiques, réglementaires et surtout financières puisqu'à l'époque, avant, cette loi de 2018, toutes les modalités pédagogiques n'étaient pas finançables, comme le e-learning, etc., ou le distanciel synchrone. Et à partir de cette année, tout devient finançable. Et d'autres ouvertures arrivent. Donc, il y a un espèce de courant qui arrive aussi, avec aussi des phénomènes d'environnement extérieur qui poussent. L'innovation, même si je pense que vous le verrez après, L'innovation, finalement, a toujours été présente dans notre domaine. Tout dépend de ce que l'on entend par innovation. Donc la législation, je vais mettre l'écran un peu en plus gros, excusez-moi, mais mes yeux ont le même âge que moi, malheureusement. Une législation qui induit sur les métiers de la formation, il y a aussi le fait qu'il y a des changements générationnels. Vous avez déjà entendu ou vous formez déjà la « gen Z ». La gen Z n'a probablement, en tout cas sûrement, en tout cas, toutes les études le montrent, pas les mêmes besoins, les mêmes méthodes d'apprentissage que les générations précédentes. Et on peut se poser la question, doit-on former des générations Z, comme on a formé les générations précédentes ? Et quelles vont en être les conséquences ? Les attentes des entreprises sont extrêmement différentes aussi. Maintenant, peut-être que, et vous le voyez aussi, une entreprise ne va pas chercher ou ne va pas vouloir, ou avoir la nécessité que quelqu'un ait tout à titre ou un diplôme et va aller chercher peut-être des points spécifiques de compétence directement. Donc on commence à basculer progressivement vers une approche « diplômétique » à une approche compétence, qui est plus une approche anglo-saxonne historiquement. Il y a des attentes croissantes des financeurs, certes, au niveau des contrôles, ça aussi, vous le voyez au niveau de la législation, des contrôles, c'est certain aussi. Et puis de ce que l'on peut faire ou ne pas faire, avec une compétitivité accrue. Depuis une grosse dizaine d'années, on va dire, on a quand même toutes les Head tech qui rentrent, donc éducation, technologie et tous ces organismes qui rentrent également, qui ne sont pas forcément organismes de formation, mais qui distribuent des solutions de formation clés en main, parfois avec bon nombre de modules, ce qu'on appelle les modules sur étagère, et qui peuvent changer aussi l'approche pédagogique. Donc, Il y a une compétitivité qui est de plus en plus accrue. Et puis, il y a une offre qui est également beaucoup plus pléthorique et difficilement reconnaissable. Reconnaissable par qui ? Reconnaissable pour le public, utilisateur, donc, soit les stagiaires, mais aussi les entreprises, entre les agences qui font du conseil, par exemple, comme la nôtre, les organismes de formation, les fournisseurs technologiques, les universités qui ont aussi leur plan universitaire, mais aussi leur plan professionnel, les indépendants, etc. Donc, ça peut être difficilement reconnaissable. Et enfin, et là, je suis sûre que tous, vous en avez entendu parler, il y a l'intégration des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle qui, actuellement, fait comme un petit popcorn. On ne parle que de ça et on ne fait que ça. A tort ou à raison, mais on en parlera aussi probablement dans l'innovation, et qui va également changer notre façon de former et notre façon d'appréhender la formation, voire de créer des contenus, voire les évaluations, etc. On est vraiment dans un espèce de changement de paradigme où il y a ce que l'on faisait avant, et ce que l'on doit faire maintenant, alors qu'on est resté pendant quand même un certain nombre d'années sur une évolution, une innovation en pédagogie qui était somme toute très progressive et qui, là, le secteur étant un peu plus prêt et surtout les utilisateurs aussi, commence à prendre un grand boom.
Mais notre métier demeure inchangé, même si on parle d'innovation, même si on parle de méthodes pédagogiques, de courants pédagogiques. Déjà, il n'y a pas eu non plus énormément d'évolution, en tout cas d'innovation majeure dans les courants pédagogiques ces dernières années. On est un peu plus centré sur l'apprenant. Vous avez peut-être entendu parler des concepts et des principes d'apprenance, par exemple. Mais en tout cas, notre métier demeure toujours le même. Et ça, c'est très pratique. Moi, je fais de l'ingénierie de formation, c'est exactement comme je l'ai appris il y a 25 ans. C'est que notre métier, c'est quoi ? C'est de permettre à des stagiaires identifiés, donc ce qu'on peut appeler des personnes, en tout cas des stagiaires identifiés, des personnes, d'atteindre des compétences identifiées. Et notre métier, c'est de trouver la meilleure solution pédagogique, donc de leur permettre, alors je ne suis pas vraiment dans le transmettre des connaissances, j'ai plutôt une approche, Meirieu, Philippe Carré, de dire que l'on met les conditions favorables à l'apprentissage, qu'ensuite, ça dépend du stagiaire et que ça repose sur les apprenants. Mais en tout cas, de trouver les meilleures solutions pédagogiques, technologiques, certes, mais avant tout pédagogiques, déroulées pédagogiques, méthodes pédagogiques, modalités pédagogiques qui vont permettre à des stagiaires identifiés d'acquérir des compétences identifiées. Donc ça, ça ne paraît rien, ce que je dis, mais c'est quand même un fondement de notre métier où on s'accorde tous à dire que la vocation de la formation professionnelle, c'est le marché professionnel. On fait tout ça, non, pas pour juste de l'acquisition de culture générale, on fait tout ça pour permettre à des personnes d'aller travailler en entreprise, d'évoluer, donc du recrutement jusqu'au bilan de compétences, reconversion professionnelle, etc. Donc ça, c'est le métier et l'essence même de la formation professionnelle, qui peut être différente d'autres usages, où on acquiert plus des capacités.
Alors, quelques chiffres, mais alors là, pour le coup, je vous demande juste un instant, parce qu'il faut que je me mette sur le mien, sinon je ne verrai absolument pas clair. Merci, merci bien. Quelques chiffres sur les organismes de formation, c'est la fédération Les Acteurs de la compétence, qui a un observatoire dont tous les chiffres, vous avez les sources en bas, viennent de la liste des organismes de formation par la DREETS et l'ensemble des BPF déposés, etc. Mais c'est assez intéressant de se demander, finalement, combien il y a d'organismes de formation en France, combien il y en a en Auvergne-Rhône-Alpes, comment ça se passe dans notre panorama, et de faire un petit comparatif. Donc, le nombre d'organismes de formation, c'est-à-dire, c'est quoi un organisme de formation en France ? C'est un organisme qui a déposé son agrément, sa NDA directement à la DREETS, donc il y a un numéro d'agrément, et qui dépose un BPF par an qui est supérieur à zéro euro. Ça, c'est important, puisque les bilans pédagogiques et financiers pour les personnes qui n'ont absolument rien, normalement ne sont pas comptabilisés. Donc, pour rappel, et je pense, je n'ai pas la source, mais de souvenir, c'était ça, que avant la loi du 5 septembre 2018 et la crise sanitaire, qui a quand même transformé beaucoup de choses, puisqu'encore une fois, nos métiers sont beaucoup des métiers de reconversion professionnelle et pas des métiers de première entrée, même si ça commence un peu à changer. Il y avait, je crois, 90 ou 100 000 organismes de formation en France, dont 80 000 déposaient un BPF. Et à l'époque où il y avait le Data Dock, je ne sais pas si vous vous en souvenez, et des labels, il n'y avait que 20 000 à peu près qui avaient un label qualité certifiant comme AFNOR, ISQ, OPQF, etc. Là, on en est en France à 147 000 organismes de formation, donc ça veut dire qu'il y a vraiment énormément d'organismes de formation en France, qui dépendent de différentes conventions collectives, Ce n'est pas le sujet du jour, mais c'est quand même intéressant, et je vous invite à aller voir le nombre également qu'il y a. Et c'est surtout le nombre de formateurs en France qui est également croissant. Donc, quelle que soit la taille et quelles que soient les catégories juridiques, comme vous pouvez le voir, puisqu'on peut avoir différents types de formateurs. Des formateurs qui sont salariés de structure, qui sont vacataires dans des structures. Des formateurs qui sont indépendants, mais aussi des formateurs qui sont intervenants dans un autre domaine et qui vont donner quelques séances de vacations ou de formations, médecins, architectes ou autres, dont ce n'est pas le métier premier, mais qui vont intervenir à différents moments. Par rapport à la région Auvergne-Rhône-Alpes, situons-nous dans notre contexte. Donc, on est la première région de France. J'ai mis deuxième parce que je suis très honnête, mais en fait, parce que la première, c'est l'Île de France. Et on a toujours tendance à dire qu'on ne compte pas l'Île de France de ce fait. Donc, on est la première région de province, très clairement, en termes d'organismes de formation et de formateurs. Donc, une région qui compte énormément. Il y a vraiment beaucoup d'organismes de formation. Qui dispensent différentes formations avec un taux qui est plutôt croissant. Donc, là aussi, ce qui est extrêmement intéressant, aussi, et ce que l'on peut voir, les graphiques ne le montrent pas par contre, c'est qu'il y a une professionnalisation de notre secteur, des formateurs de notre secteur, ce qu'il n'y avait pas vraiment auparavant. Ils apprenaient sur le tas ou en binôme. Bien sûr, dans notre métier, c'est aussi beaucoup de bon sens et de cohérence, beaucoup d'apprentissage, comme je vous l'ai dit, en binôme. Mais maintenant, on voit quand même qu'il y a beaucoup, beaucoup de personnes dans le domaine de la formation qui arrivent avec un titre, un diplôme, et qui continuent de se former tout au long de leur cursus et qui vont aller chercher des nouvelles méthodes pédagogiques, etc. Donc, voilà, pour le panorama, je crois, j’ai respecté le délai, qui va vous permettre peut-être d'appréhender aussi l'innovation grâce à ces chiffres. Et là où on en est en formation actuellement. Merci, beaucoup.
Delphine Juban, Via Compétences [00 : 21 : 50]
Merci Laetitia pour cet éclairage structurant, ce panorama riche, qui nous aide à mieux comprendre les dynamiques historiques, économiques, à l'origine de ce besoin d'innover. On va maintenant prolonger cette réflexion avec Colin Fillaudeau. Je rappelle, Colin, que vous êtes chef du Département Innovation, Expérimentation, recherche à l'École académique de la formation continue. Colin, vous allez nous parler de ce que c'est qu’innover, des intentions qui, sous-tendent l'innovation. Et puis, vous allez aussi pouvoir, normalement, nous partager quelques exemples issus de votre expérience au sein de l'école académique de formation continue.
Colin, si je me permets…
Colin Fillaudeau, EAFC, rectorat de Lyon [00 : 22 : 43]
Voilà, j'ai activé mon micro. Merci de cette introduction et puis merci à Laetitia pour cette présentation. Parce que vraiment, elle a fait une présentation assez macro de la formation. Et moi, je vais changer d'échelle tout en, je pense, en incarnant ce qu'elle a présenté dans la distinction entre l'enseignement et la formation. Puisque, alors j'essaie de changer de Diapo, merci. Et puisque, en fait, je me situe un petit peu entre l'enseignement et la formation, et plus précisément entre l'innovation et la formation. Donc, il est important quand même que je précise rapidement d'où je vous parle. Je ne suis pas dans le privé, je travaille pour le rectorat. J'ai une double casquette, donc je suis à la fois ingénieur de formation et chef de département sur tout ce qui concerne l'innovation, l'expérimentation et la recherche. Je reviendrai sur cette deuxième casquette, mais juste sur la partie ingénierie de formation, donc, là, typiquement, moi, j'ai des formations pour lesquelles on a des grosses contraintes. Donc, on peut avoir sur certaines formations 50 000 personnes à former en trois ans sur un plan de formation. Avec des contraintes qui sont des contraintes réglementaires assez récentes, dans la mesure où les personnels qu'on doit former, ça doit se faire sur des horaires indépendants de leur temps de présence élève, donc ça, ça rajoute une forte contrainte. Avec aussi un vivier de formateurs qui peut être restreint, et puis les ressources financières, qui sont celles de la fonction publique, donc, qui ne sont pas non plus immenses. Donc, voilà, on est obligé un petit peu de s'adapter. Je ne sais pas si on peut parler d'innovation. En tout cas, on est obligé de, d'adapter notre modalité de formation, donc maintenant nos formations sont constituées toutes de manière hybride. On essaie d'innover, on présente des… On utilise une plateforme là propre à l'Éducation nationale, mais c'est le même type que Moodle qui s'appelle Magistère chez nous. Et puis, on met en place parfois des visios type Twitch, Donc, il peut y avoir jusqu'à des fois 10 000 personnes connectées. On essaie quand même de faire quelque chose de mixte, donc sur des temps de présentiel. Il y a quand même un échange avec un public, mais il y a une grande partie des personnes qui sont à distance. Donc voilà, ça, je ne sais pas si on peut vraiment parler d'innovation. Et je vais prendre mon autre casquette pour présenter ce qu'on fait en innovation, parce qu'on n'a pas tout à fait les mêmes référentiels. Mais voilà, nous, quand je prends ma casquette de chef de département innovation, j'ai en charge une équipe de 15 accompagnateurs de projet. Donc, leur mission et d'autres missions dans ce département, c'est d'accompagner l'innovation, mais l'innovation, donc plus dans la formation, mais dans la pédagogie. Donc, on accompagne tous les établissements, les collèges, les écoles, les équipes pédagogiques éducatives lorsqu'ils veulent innover.
Donc, j'en arrive à la définition qu'est-ce qu'innover. Nous, ce qu'on considère comme innover, c'est faire un pas de côté, c'est adopter, voilà, faire un pas de côté par rapport à ce qui se fait d'habitude. Pourquoi on adopte ce pas de côté ? Parce qu'on détecte, on a un besoin, on a un dysfonctionnement, on a quelque chose à améliorer, qui nécessite l'innovation. On a un référentiel assez élaboré d'accompagnement des projets, qui va de la détection jusqu'à la valorisation et l’essaimage. Je vais peut-être passer à la diapositive suivante. Voilà, ça fonctionne, très bien. Donc, moi, j'ai simplifié pour les besoins de la Webconférence en quelques points, mais on a vraiment un référentiel bien identifié dans l'accompagnement d'innovation. Ce que je disais tout à l'instant, il faut qu'il y ait un besoin identifié. Dès le début du lancement du projet d'innovation, on établit des critères d'évaluation de celui-ci. Donc, on établit… On établit des indicateurs d'évaluation, en quoi l'objectif est atteint. On considère que pour que ce soit innovant, il faut que ça implique un collectif. Donc, c'est vrai que si c'est un prof à son niveau qui innove quelque chose, ce ne serait pas porteur de changement. Et donc, on considère que ce ne sera pas une innovation. Et puis, alors ce processus, il tâtonne, il évolue et on peut y revenir. On peut considérer que les indicateurs qu'on avait fixés au début, ils sont amenés à changer, puisque l'objectif peut changer aussi en cours de route, ou alors ils étaient mal calibrés. Donc voilà, il est évolutif et il est important. Et alors, quand je reviens juste sur le côté collectif, pour qu'il soit collectif, il faut quand même que les objectifs et les indicateurs soient présentés à tout le monde, et ils intègrent toutes les parties prenantes. Et plus il y a de monde impliqué, plus l'objectif peut être atteint dans l'optique que chacun donne un sens à ce projet., puisse s’en emparer, s’en impliquer dedans. Les projets innovants permettent souvent de mobiliser les énergies et puis de changer les postures, de changer un petit peu les postures. Faire ce que je disais au début, faire un pas de côté. Et puis, si ce pas de côté, il fonctionne, le projet, si l'innovation est pérenne et se pérennise, on considère qu'il a fonctionné.
Donc, je vais passer à la diapo suivante. Je vais faire rapide parce que beaucoup de choses ont été dites. Alors, là, c'est un peu illisible, mais je vais juste m'attarder sur la dernière colonne, il s'agit de deux exemples, deux projets. Je ne les ai pas nommés, il y en a un qui est dans l'Ain, un qui est dans le Rhône. C'était juste pour un petit peu comparer. Je ne vais pas vous faire la fiche descriptive de chacun des projets, mais il y en a un qui travaille sur l'organisation du temps scolaire. Don le constat de départ, c'était que les élèves étaient démotivés, les heures de cours étaient trop longues, il y avait une perte d'attention, une perte de motivation, une perte de sens aussi sur le travail. Et là, i y a un projet qui s'est fait, mais vraiment qui est impliqué, à destination de tous les élèves, mais qui est impliqué, tant les membres de l'équipe éducative et pédagogique, que la commune, que les associations, enfin, voilà, qui impliquent les parents d'élèves, enfin vraiment énormément de partenaires, et qui est structurel. Le projet du dessous, c'est un projet… Alors déjà... On se dit qu'il y a un problème dès le début, parce qu'il ne répond pas forcément à un besoin. Il propose... Il s'est lancé dans le... Il est consacré à la... En fait, les professeurs font partie du fait de l'éco-anxiété de leurs élèves et ils ont proposé en fait des temps de travail interdisciplinaire en anglais et scientifique. Donc ils font des projets scientifiques, des solutions scientifiques à travers des recherches scientifiques et des solutions pour lutter contre les problèmes liés au dérèglement climatique. Le truc, c'est que dès le début, ce n'est pas un projet qui répond à un besoin c'est un établissement qui s'est ouvert avec une coloration innovante. Et donc, tous les profs sont volontaires pour faire de l'innovation. En soi, ce n'est pas un besoin. Déjà, il y a un petit souci. Et puis, le deuxième problème dans ce projet-là, c'est que peu de profs sont impliqués. C'est sur la base du volontariat. Et le point encore plus négatif, c'est que finalement, le projet ne peut pas être pérennisé. Il ne porte que le volontariat des professeurs qui veulent s'impliquer. Mais il n'y a pas de fléchage financier, de modifications structurelles qui permettent une pérennisation. Il est voué à disparaître lorsque la bonne volonté des parties prenantes disparaîtra. Donc voilà, c'était rapidement des exemples pour tracer à contrer les facteurs qui peuvent conditionner la réussite ou l'échec d'une innovation. Et là, je parle d'innovation pédagogique et pas d'innovation de formation, mais je pense qu'il y a énormément de points de recoupement. J'en reviens à ma dernière diapositive où j'ai aussi, encore une fois, énormément simplifié, comment dirais-je, les critères qui permettent de dire en quoi un projet a été innovant. Mais j'en reviens finalement aux critères de départ, c'est-à-dire que le projet a été porté de manière collective, qu'un collectif s'en est emparé, que c'est un projet qui a été mobilisateur pour une équipe. Si possible, que les indicateurs qu'on s'était fixés au début, ils soient validés, sachant qu'on avait dit qu'ils pouvaient être redéfinis en cours de route, mais quand même, les indicateurs qu'on avait fixés et les objectifs, voir s'il y a eu quand même des progrès. Et puis, le changement de posture chez les parties prenantes. Moi, je pense à un projet sur lequel j’avais participé à une autre… dans un établissement, j'étais directeur de Segpa. On avait changé de posture en fait. Les conseils de classe n'étaient vraiment pas satisfaisants. C'était un bureau d'enregistrement, des plaintes, des profs sur les élèves. Et donc on a décidé de mettre l'élève au centre du Conseil de classe, donc il avait un temps dédié. Et puis, du coup, toutes les parties prenantes, que ce soient les profs, les élèves, les parents, avaient un rôle différent. Et ce qui fait que moi, ce projet qu'on avait lancé, il existe encore, plusieurs années après le lancement. Et puis, donc voilà, ça mène au point suivant. Et puis, le dernier point, c'est le changement d'échelle. C'est à partir du moment où on considère qu'une innovation aurait porté ses fruits, l’essaimage, la question de l'essaimage, ce n'est pas toujours le cas. Comme si on revient à ce qu'on avait dit dès le début, qu'une innovation, elle répond à un besoin, le besoin peut être très localisé dans un contexte très particulier. Et la transposition n'est pas toujours possible. Mais lorsque les conditions le permettent, nous, à notre niveau, en tout cas, on labellise des projets et on permet le changement d'échelle. Il y a un point sur lequel, que je n'ai pas mentionné, c'est qu'on essaye aussi pour l'évaluation des projets, dans certains cas, on ne fait pas chaque fois, mais d'accompagner ces innovations par la recherche. On essaye de mettre en relation les porteurs de projets et les chercheurs, de manière à ce que l'évaluation soit solide et robuste. Et qu'elle puisse être transposée. Donc ça, C'est la dernière condition qui est honnêtement à notre échelle, qui est quand même assez difficilement atteignable. On va dire, ce sont les licornes chez nous qui atteignent ce degré. Je vous remercie, j'en ai fini, et puis j'espère pouvoir répondre à vos questions s'il y en a par la suite.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [00 : 34 : 25]
Merci beaucoup, Colin. Merci pour cette intervention. J'imagine que ce sera extrêmement bien croisé avec les retours d'expérience d'autres structures qui vont nous parler un peu de leur projet, ce qu'ils ont mis en œuvre dans la partie 2. Donc gardez bien en tête ce qui a été, dit, ce qui a été présenté par Colin. Et puis, par rapport à votre dernière diapo, Ça fait le lien avec une première question qu'on souhaitait poser aux intervenants. Et j'aimerais du coup demander à Olivier Kirsch et à Philippe Requet, et on démarrera avec Olivier Kirsch. Qui dit innovation, dit changement, et forcément, changement, on va tout de suite se dire, c'est pas simple, je vais rencontrer des obstacles. Et c'est une première chose qui peut nous bloquer, c'est de se dire que ça va être trop compliqué. Donc, d'où l'enjeu et la question, quels sont les principaux freins à ce changement ? Est-ce que c'est la culture d'entreprise qu'il faut essayer de modifier en premier ? Est-ce que c'est l'organisation du travail ? Est-ce que c'est la question économique ? Par quel bout il faut commencer ? Est-ce qu'il y a une hiérarchie dans ces freins en changement ? Et puis, éventuellement aussi, comment on les identifie avant pour être plus sûr de soi et se décider avant de se lancer dans un projet d'innovation ? Je vous donne la parole, Olivier.
Olivier Kirsch, GIFOD [00 : 35 : 43]
Merci. Alors, la question est vaste. Et puis j'aborderai un peu plus tard les moyens de répondre à ces freins. Mais pour moi, ce que j'ai pu voir au travers de mon expérience, les freins sont différents, selon la catégorie d'acteurs, auxquels on s'adresse dans une action de formation. Il y a en premier, bien évidemment, le bénéficiaire, même si en France on parle de formation et en anglo-saxon on parle plutôt d'apprentissage, de learning. Mais chez nous, le premier, donc le bénéficiaire, on a parlé tout à l'heure, notre collègue de la génération Z, je crois que l'innovation en formation pour les générations actuelles qui ont vécu dans un monde qui a beaucoup bougé, ça ne devrait pas trop être une problématique. Je mettrais quand même un petit bémol, là aussi, au regard de l'expérience que je peux avoir, c'est qu'aujourd'hui, il est facile d'embarquer, on va dire, les populations les plus jeunes ou les plus en butte de difficulté au regard de la formation. Quand vous prenez des gens qui sont en licence ou en master, et qui ont jusque-là bien réussi dans le monde traditionnel de la formation, leur faire changer d'approche pédagogique ou technique, c'est difficile. Vous avez une deuxième catégorie d'acteurs, ce sont les dispensateurs de formation, le formateur, lui-même, mais aussi son organisation autour de lui. Du côté des formateurs, ce n'est pas forcément d'ailleurs générationnel, mais il y a des difficultés, on va dire, à changer de façon de faire, puisque précédemment, ça a fonctionné de façon traditionnelle, pourquoi je changerais. Et du côté de leur organisation, elle-même, il y a des problématiques à la fois économiques : comment je finance ces nouveaux outils, mais aussi ces changements d'organisation et le temps nécessaire pour y pallier. Puis vous avez une troisième partie prenante qui pose des difficultés éventuellement où il y a des freins, mais je dirais que c'est à postériori. Ce sont les financeurs, à cause de leur méconnaissance ou de leur réticence vis-à-vis de ces nouveaux dispositifs. Voilà un petit peu, en quelques mots, ce que moi j'ai pu vivre ces dernières années.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [00 : 37 : 44]
C'était très clair, merci. Maintenant, on va voir Philippe Requet : est-ce que vous avez un peu la même analyse ? Quels éléments complémentaires vous pourriez partager avec nous ?
Philippe Requet, Arkesys [00 : 37 : 54]
Oui, complètement. Je suis d'accord avec Olivier. Je vais reprendre un peu certains points. Dans ce que j'ai identifié, effectivement je suis plus dans le milieu informatique. On va dire que c'est plus par rapport aux outils et par rapport aux formateurs. Donc, moi, je vois déjà qu'il y a des freins culturels. Il y a de la peur. Dès qu'il y a du changement, on a peur de perdre la maîtrise. On a peur de l'échec. On a peur d'être remplacé par la technologie maintenant. On a peur de sortir de sa zone de confort. Donc voilà, ça pose toujours problème. Je reprends ce que disait Olivier, aussi. Les formateurs vont avoir tendance à dire « ça a toujours marché de la manière dont je l'ai fait, donc pourquoi est-ce que je changerai de méthode ? Parce que ma méthode me paraît bonne ». Après, il peut y avoir des freins organisationnels, pas assez de temps pour se former ou pour expérimenter. Si le pilotage n'est pas bon, si on n'accompagne pas correctement les personnes dans le changement pédagogique, ça peut se poser un problème. Ou un manque aussi de coordination entre les services. Et puis, il peut y avoir, pareil, un peu ce que disait un peu Olivier, il peut aussi y avoir des frais économiques, ça peut avoir des coûts. On n'a pas toujours la bonne vision du retour sur investissement tout de suite. Donc, ce qui peut freiner aussi les entreprises ou les organismes de formation à explorer telle ou telle piste, parce que le retour sur investissement est difficile à démontrer au début. Voilà un petit peu, pour ma part, ma vision.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [00 : 39 : 37]
Merci, pareillement, vous nous dévoilerez un petit peu plus tard, dans la seconde partie, vos retours d'expérience, et ça illustrera ces enjeux-là. Delphine, je vais peut-être te laisser la parole, je crois qu'il y a une question du chat qu'on va pouvoir aborder.
Delphine Juban, Via Compétences [00 : 39 : 50]
Oui, mais justement, ce que je propose, parce qu'on nous demande dans le chat des exemples, des illustrations, Donc on peut peut-être avancer et arriver tout de suite à cette partie 2 pour profiter du retour d'expérience. C'est cela te convient Brice
Brice Cristoforetti, Via Compétences [00 : 40 : 05]
Parfait, très bien. Écoutez, on y va. Alors, c'est parti pour la partie 2. On va dans le cœur du sujet. On va avoir trois retours d'expérience distincts avec à chaque fois, avec un temps d'échange. Et puis les intervenants qui sont intervenus en première partie vont pouvoir rebondir. Donc ça va être très intéressant de croiser les idées. Et le premier retour d'expérience terrain qu'on va avoir, c'est Sophie Torre qui est directrice du groupe Kwark, qui va nous parler de tout ce qui a été mis en œuvre chez Kwark ces dernières années. Et vous allez voir, c'est assez intéressant, il s'est passé des choses. Donc, Sophie, je vous laisse la parole et nous expliquer un petit peu tout ça et nous présenter les bonnes pratiques, les opportunités que vous avez su saisir et puis les pièges que vous avez identifiés. Merci, Sophie.
Sophie Torre, Kwark [00 : 40 : 56]
Merci, Brice, bonjour à tous. Je me présente, je suis Sophie Torre, directrice générale de Kwark. Kwark, nous sommes un cabinet, une edtech et également une agence de digitalisation. Notre premier métier, c'est véritablement de créer des outils au service de la formation, d'aider nos clients, qui sont aussi bien des entreprises que des écoles ou des organismes de formation, à maximiser on va dire, l'impact autour des apprenants et créer des solutions innovantes dans leur méthode d'apprentissage. Je parlais de l'apprentissage au sens large, c'est-à-dire pas seulement apprentissage comme on l'entend dans le domaine de la formation pour les jeunes apprentis, mais bien la formation au sens large. Ça fait 20 ans qu'on existe. Nous sommes 62 personnes, 62 experts, 62 personnes qui sont passionnées et motivées par l'innovation en matière de pédagogie et en matière d'outils. C'est ce que nous faisons au quotidien. Et on a un axe stratégique véritablement depuis maintenant plus d'un an et demi, c'est comment on peut intégrer l'intelligence artificielle, justement, au cœur de nos réflexions, nos outils et nos pratiques. Alors, justement, ça dénote, peut-être un petit peu avec tout ce que je viens d'entendre, nous quand on parle d'intelligence artificielle, c'est véritablement comment on peut maximiser finalement notre approche, comment on peut améliorer les recherches que nous allons faire, comment on peut apporter des compléments ou surtout une valeur ajoutée dans la formation, à nos apprenants. Et si l'intelligence artificielle peut nous y aider, c'est tant mieux. Donc, on le fait uniquement quand cela a du sens. Et c'est très important parce que ce n'est pas innover pour innover en effet. On est bien dans une approche totalement ROIste et maîtrisée, justement, de tout ce qui peut faire bénéficier à la formation. Alors, aujourd'hui, dans notre offre, on a à peu près 1500 modules sur Étagère, déjà. Entièrement digitalisés, que ce soit des compétences à l'unité ou que ce soit des parcours. On en a à peu près une centaine pour aider les écoles justement à maximiser l'impact de la formation d'une année scolaire d'apprenants, en mixant des heures digitales, avec du soutien pédagogique en présentiel, ou en classe virtuelle. On produit environ 10 000 heures de formation par an en digital. Donc, c'est vraiment notre premier métier qu'on met à disposition de tous nos clients pour que ça leur permette d'aller beaucoup plus rapidement dans leurs innovations et dans leur parcours blended. Et cette année, on a développé deux outils révolutionnaires. Je vous ai illustré ces outils par une petite capsule qui présente les vidéos que vous pourrez retrouver éventuellement sur notre site web pour voir en quoi ça consiste, en live. Une première innovation pédagogique qui s'appelle Blendgen. C'est un outil qui vient du recueil des expériences, et surtout, des feedbacks que nous ont faits nos clients. En réalité, quand ils construisent des modules sur mesure, ils font face à plusieurs enjeux. Le premier, c'est créer un module à plusieurs, dans la mesure où ils ont plusieurs experts, où ils ont plusieurs contributeurs, des ingénieurs pédagogiques, mais également des experts de différentes modalités ou de l'intégration. C'est également parce qu'ils ont besoin très souvent de le déployer dans plusieurs langues. Ou de faire parler cet expert à de multiples occasions. Et le fait de tourner des vidéos, ça coûte assez cher, c'est contraignant. Il faut trouver effectivement un créneau, un studio, et puis faire déplacer l'expert. Et donc, fort de toutes ces remarques, nous avons utilisé un outil du marché qui utilise une IA et qui permet justement de créer un avatar custom. C'est-à-dire que votre expert peut venir se filmer en live et derrière, à travers des slides que vous allez construire sur le fond, cet expert pourra prendre la parole dans toutes les langues. Et donc cet outil s'appelle Blendgen. Il a été récompensé par la médaille d'argent au Trophée de l'Innovation RH. Et maintenant, il est en place au sein de différents organismes ou/et clients qui l'utilisent pour pouvoir créer leurs micromodules. Et puis un deuxième outil pédagogique qui est plus dédié aux organismes de formation, mais aussi aux écoles. Un outil qui s'appelle Goodgrades, qui a permis d'intégrer une intelligence artificielle au sein d'un moteur disponible sur une plateforme, pour pouvoir corriger de manière automatisée les copies grâce à une IA. Et donc, l'intérêt n'est pas du tout de supprimer le formateur, mais bien de permettre au formateur d'avoir des feedbacks beaucoup plus poussés. De pouvoir examiner les copies qui seraient intermédiaires, si je puis dire, ou au contraire extrêmes, préparer et donner une uniformité à la correction, finalement, des copies pour des examens, dans la mesure où une correction automatisée a déjà été validée au préalable. Et que n'importe quel correcteur qui serait susceptible de s'en emparer doit se rapprocher de cette note. Donc l'intelligence artificielle, elle, elle est totalement impartiale, elle n'est pas fatiguée, qu'il soit 8h du matin ou minuit, elle peut corriger 1000, 2000, 10 000 copies de la même manière. Et elle garantit une unicité de réponse aux étudiants. Et le formateur, lui, en revanche, peut aussi contribuer fortement à un débrief personnalisé sur les copies. Donc, deux innovations majeures cette année, vous voyez, au service de la pédagogie. Et je reviens sur ce que je vous disais derrière, à l'instant, pardon. Ce sont deux innovations qu'on pousse, deux innovations qui viennent de naître sur le marché. Et nous avons malheureusement connu également un échec. Et c'est vrai qu'à travers ce que vous disiez tout à l'heure, en préambule, on a souhaité vous en faire part. C'est vrai que parfois, les innovations ne trouvent pas leurs usages. Et c'est bien ça, le maître mot, en fait, Ce n'est pas la contrainte technique. Il ne s'agit pas forcément de la difficulté à le mettre en œuvre, mais plutôt de trouver un usage. Et c'est la plus grosse difficulté, nous, qu'on remarque sur le déploiement des innovations. Quand vous parliez de passer à l'échelle tout à l'heure, c'est bien cela qu'on a rencontré, nous, avec le Métaverse. Dont certains ont peut-être déjà eu l'occasion d'avoir un usage ou de rentrer dans une session organisée à l'intérieur de ces mondes virtuels. Et bien nous, nous avons un Métaverse qui est toujours opérationnel, mais qui ne rencontre pas de public. Parce que le public n'a pas réellement compris l'adaptation possible ou la transposition qu'on peut faire du présentiel dans un univers de cette sorte. Donc, on en est, on est fortement désolé. Pour autant, c'est un outil qui est absolument très intéressant, notamment quand on veut mutualiser des sessions, quand on veut véritablement créer de l'animation autour d'une formation qui se crée à distance, bien loin, on va dire, de tout ce qui est Teams ou webinaire, puisqu'elle permet de se faire se rencontrer, de créer du networking, de créer des échanges. Néanmoins, voilà, c'est une innovation qui n'a pas pris sur le marché. Donc, on a un, on l'a toujours dans nos tiroirs pour pouvoir en faire bénéficier nos clients qui sont audacieux. Ça a été le cas, notamment avec des grands comptes et des grands groupes qui ont mis en place des séminaires d'onboarding, par exemple, à l'intérieur. Ça a été le cas de grands comptes qui ont fait des séminaires de…, pardon, des séminaire de…, pardon, de compréhension ce que c'est que le numérique en entreprise. D'autres ont choisi de faire des entretiens de recrutement, d'autres encore ont préféré y jouer des sessions, avec une récurrence toutes les semaines. Néanmoins, le constat sur le marché est que le Métaverse n'a pas pris et que l'échec cuisant de Facebook ne nous a pas aidé en termes de réputation.
Alors, concentrons-nous sur les innovations qui fonctionnent et surtout, nous, comment on innove. Un petit peu de méthode en fait, et un petit peu de feedback par rapport à ce que nous avons fait. Eh bien, chez Kwark, je ne vous ai pas décrit notre population, mais c'est 60 personnes qui, œuvrent sur l'ingénierie pédagogique, la conception de contenu, la conception de parcours digitalisé, la conception d'académie digitale. Et donc, ce sont des personnes qui, évidemment, sont très centrées autour de ce que vous connaissez, évidemment, la méthode ADIE. Et donc, Nous l'avons décliné également dans notre méthode de pilotage de l'innovation. Pour être certain que tout ce que l'on essayait, puisqu'on est adepte du test and learn, rentrait bien dans cette dynamique et était bénéficiaire pour, soit l'équipe Kwark pour gagner du temps, soit nos clients, évidemment, pour pouvoir bénéficier, soit d'un dispositif plus riche, d'un contenu plus poussé, d'une rapidité d'exécution, et, bien entendu, d'un budget encore plus intéressant au bout du compte pour créer de l'innovation dans leur contenu. Alors qu'est-ce qu'on entend par méthode, ADIE nous, quand on travaille sur de l'innovation et surtout comment on la pilote ? Eh bien, la première étape, c'est ce qu'on appelle l'analyse des besoins. L'analyse des besoins n'est pas qu'une analyse de ce que nous, nous pourrions avoir besoin. Bien entendu, on émet tous les jours des souhaits et on a énormément d'idées sur comment on pourrait créer de la formation encore plus vite, encore plus intéressante demain. Mais on est avant tout centré sur l'analyse des besoins de nos clients et de ce que nos clients nous remontent en termes soit de rapidité d'exécution, rapidité de déploiement, prise en main par les formateurs, prise en main par les équipes pédagogiques et surtout mise à disposition des apprenants. Donc, c'est le premier critère qui nous permet de nous dire : est-ce qu'on peut trouver ou est-ce qu'on peut imaginer ? Parce que tout ne se fait pas par de l'intelligence artificielle, mais aussi par des équipes qui réfléchissent, à de l'optimisation, à de la création, à de la conception, bien sûr. Comment on fait aussi une analyse des données ? C'est-à-dire comment on peut s'assurer que ce que l'on va créer, mettre en œuvre, changer, transformer, apporte de la valeur, complète un dispositif, complète quelque chose qui existe, et surtout, vient apporter un sentiment de retour sur investissement, quel qu'il soit. Retour sur investissement, parce que l'apprenant est encore plus satisfait, a pris encore, enfin, davantage ou encore plus rapidement, par exemple. Retour sur investissement budgétaire parce que l'innovation est porteuse, finalement, d'économies budgétaires, qui permet de former encore plus, encore plus loin. Ou porteuse aussi, parce qu'elle va permettre d'analyser plus finement aussi le comportement des apprenants, de réagir, d'ajuster un dispositif de formation. Donc ça va être notre première étape lorsque nous allons nous mettre en quête d'innover, ou lorsque nous allons réfléchir à une nouvelle solution ou à un nouveau dispositif. Et bien entendu, faire une analyse des concurrents, c'est essentiel. Alors, concurrent est un bien grand mot, j’ai envie de dire partenaire, parce qu'aujourd'hui, il y a énormément d'EdTech en France et la France est un pays extrêmement moteur dans le domaine de l'innovation et de l'éducation. C'est Edtech France dont nous sommes membres, et le Medef qui en faisait part mardi soir, au cours d'une soirée dédiée justement au EdTech et à l'innovation. C'est un marché monumental dans lequel la France a toute sa place. Et donc l'analyse, non pas seulement des concurrents, mais de tout ce qui peut être fait. Parce qu'aujourd'hui, ce n'est pas seulement une innovation, mais un ensemble ou une cohérence de petites innovations qui, mises bout à bout, justement, peuvent apporter du sens et peuvent venir enrichir une formation, un parcours pour un apprenant. Donc ça, ça va être notre première étape de l’innovation.
Deuxième étape, nous allons travailler sur le design des dispositifs. Qu'est-ce qu'on entend par design des dispositifs ? Et bien c'est comment la proposition de valeur que nous allons apporter à nos clients, que ce soit des OF ou que ce soit des entreprises, conjugue aussi bien du présentiel, de la classe virtuelle, du blended learning. Ce n'est pas parce qu'on fait du digital learning que nous sommes uniquement et exclusivement centrés autour du digital learning. Nous sommes extrêmement convaincus aussi de la place du présentiel et de la place du formateur dans ces dispositifs. L'intérêt justement du digital learning, c'est d'apporter un complément, c'est de renforcer des notions, c'est d'ancrer de nouvelles pratiques. Mais c'est aussi, par exemple, de valider des concepts clés, pendant que le formateur, lui, fera bénéficier de son expérience, pourra apporter justement des images ou des représentations terrain de ce qu'il a pu vivre et pourra surtout échanger avec les participants et leur faire s'exprimer justement ce qu'ils ont pu vivre de leur côté. Et donc, on y croit fortement, donc, on va travailler sur cette conception de dispositifs. On va travailler aussi sur la conception du parcours en tant que tel, bien évidemment. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on va pouvoir apporter et à quel moment l'innovation prend son sens ? Puisqu’innover pour innover, encore une fois, ce n'est pas forcément ce qui permet d'avoir le meilleur parcours pédagogique. Et puis, on va travailler autour de la conception des modalités. Les modalités peuvent être tout à fait simples. Mais simplement, c'est la mise en œuvre ou la mise en pratique en salle, par exemple, qui sera différenciante, qui s'appuiera sur quelque chose en amont, en aval, qui pourra avoir lieu dans un environnement différent et/ou qui fera appel à une technologie, une technique dans son animation en tant que telle. Et puis, on va travailler sur la conception du contenu en utilisant justement de l'innovation, soit d'outils, soit de concepts à travers ce dispositif. Autour de ces deux phases, on va travailler directement dans le développement des contenus. On va travailler sur la création de visuels, de vidéos, tout ce que vous connaissez déjà en digital learning, sur de l'automatisation de tâches, surtout pour produire de la valeur. Qu'est-ce qu'on peut rendre automatique ? Qu'est-ce qui permet du coup de dégager du temps pour le formateur ? Qu'est-ce qui permet de dégager du temps pour un responsable de formation ? Qu'est-ce qui permet de dégager du temps pour un responsable d'un organisme de formation ou d'une école, qui sera créateur de valeur, justement, pour l'apprenant finalement en bout de course ? Qu'est-ce qu'on peut faire aussi pour permettre de déployer rapidement ? Qu'est-ce qu'on peut à nouveau automatiser, rendre totalement fiable et robuste pour pouvoir, à grande échelle diffuser un parcours, un contenu pédagogique ? Et puis, comment on va optimiser l'efficacité ? Ça passe évidemment par déjà mettre en place des indicateurs de performance. Ce qui est encore assez peu usité, à part les évaluations à chaud ou à froid. Nous, on travaille sur finalement qu'est-ce qui va faire que ce parcours est un succès ? Cette recherche, cette innovation apporte de la valeur ? En quoi on a gagné quelque chose ? Est-ce que c'est en temps ? Est-ce que c'est en budget ? Est-ce que c'est en formation, en tout cas, apport pour l'apprenant final, est-ce que c'est dans l'aide qu'on peut faire aux formateurs ? Et donc on va mettre en place tout un tas d’indicateurs clés avant même de travailler sur l'innovation en tant que telle. Et puis, comment on peut aussi marketer l'offre ? Parce qu'aujourd'hui, l'innovation, il y a énormément d'initiatives qui ont lieu dans tous les organismes. Et vous étiez un précieux exemple dans le tour d'horizon que vous avez pu faire en introduction. Mais finalement, tout le monde ne connaît pas tout. Et on, a l'impression, peut-être de se répéter. Donc, comment on peut faire pour faire savoir et faire connaître ce qu'on a mis en place ? Et surtout pour l'apprenant final, comment il s'y retrouve à travers des dispositifs qui peuvent sembler similaires, mais qui, en réalité, dépendent et défendent d'autres manières d'apprendre, et donc qui lui conviendraient davantage ? Et c'est très important ce marketing de l'offre, qui a été assez sous-estimé pendant un long moment. Et nous, on y travaille également, ça fait autant partie de l'innovation pédagogique pour nous, que de trouver un nouveau dispositif, que de mettre en place un nouvel outil. C'est finalement comment cet outil sera connu, partagé par tous.
Et enfin, ce que je vous disais à l'instant, comment on va évaluer la performance ? Est-ce qu'il existe un dispositif également automatisé, que l'on pourrait mettre en place ? Comment on peut interroger, ou l'apprenant, ou le responsable de formation, ou le directeur d'une organisation digital learning, pour savoir si véritablement les différences, ou en tout cas, les innovations qu'on a mises en place, apportent quelque chose ? Et évidemment, on a travaillé sur les outils d'évaluation. Je vous en parlais à l'instant avec Goodgrades, qui est donc l'outil qui permet d'évaluer, grâce à une IA, de manière fiable, tous les examens que peuvent passer les apprenants. C'est valable également pour toutes les certifications, vous savez, qui se renouvellent chaque année, qui sont souvent fastidieuses. Et bien, le fait de préparer un examen en ligne et de le faire corriger par une IA, vous permet instantanément de vous assurer d'une homogénéité de réponse par rapport à un attendu, et également de pouvoir finement expliquer ou expliciter aux collaborateurs qui renouvèleraient sa certification, les passages ou les points à revoir pour pouvoir justement renouveler, si tel n'était pas le cas, cet examen. Alors, je vous parlais à l'instant de Blendgen et de GoodGrades.
Je vois que les slides n'avancent plus. Donc, j'essaye avec la petite flèche verte de les faire avancer, mais c'est bloqué. J'espère que vous m'entendez toujours, qu'il n'y a pas de souci. Si quelqu'un veut bien prendre la main pour faire avancer le style.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [0 :59 :19]
Ça a l’air d’être reparti reparti.
Sophie Torre, Kwark [0 :59 :20]
Ah, voilà, Il y avait un petit temps de latence, je crois. Alors c'est dommage, parce que du coup, je voulais vous faire bénéficier d'un exemple concret. Parce que j'ai vu que dans les questions, il y avait effectivement sur quoi on a travaillé, quels étaient les axes d'exploration que nous avons usités en innovation. Eh bien, vous avez ici une grille qui est très fournie. Alors, bien sûr, elle évolue tous les jours parce que les outils dédiés à l'expérimentation et à l'intelligence artificielle naissent et disparaissent tous les jours. Alors nous, on s'est attachés à travailler autour de cette grande roue, qui apporte une expérience apprenant différenciante. Donc, l'éducation, tout ce qui pouvait être texte, et chatbot, tout ce qui pouvait être analyse de documents, présentation, quiz et flashcards, voix et puis musique, très important, évidemment, pour la digitalisation, tout ce qui peut être images. Et puis, bien sûr, il y a plein d'autres thématiques. Alors, pour vous donner quelques exemples, nous, on a travaillé autour de, en analyse des documents, par exemple, comment peut-on faire pour travailler sur du contenu quand on n'a absolument aucune idée, finalement, de quelque chose, qu'on récupère de la part d'un expert un contenu pédagogique qui est très fourni. Et bien avant de nous plonger dans l'intégralité du contenu qu'on nous apporte, pour pouvoir l'encapsuler, on va travailler sur une synthèse de ce document qu'on va transmettre à une intelligence artificielle et qui, très rapidement, va nous permettre d'avoir au moins une vision claire, partageable par toute l'équipe, pour se dire qu'on va travailler sur ce sujet. Donc ça, c'est extrêmement intéressant, déjà, pour pouvoir se mettre dans une thématique. On a travaillé également sur tout ce qui était texte et chatbot, et ça, je pense que ça va intéresser tout un chacun. En fait, nous venons de mettre en place et on va déployer, en réponse, vous savez, à la nouvelle norme obligatoire de l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap, des sous-titrages pour que ces personnes puissent bénéficier évidemment des mêmes conditions d'apprentissage. Vous vous doutez que sur 1 500 compétences disponibles sur étagère, c'est un énorme travail et ça représente quasiment de la reconception que de rajouter des sous-titres manuellement. On a développé justement un robot et à travers une intelligence artificielle, pour pouvoir générer automatiquement des sous-titrages. Donc, vous voyez, encore une fois, au bénéfice de l'apprenant, et, bien sûr, en gagnant du temps. Je vous donne un ABAC pour que vous ayez une idée. On a estimé que le temps nécessaire pour refaire chaque module avec toutes ces vidéos sous-titrées nous aurait pris en moyenne 485 jours. Je vous laisse imaginer ce que ça représente en temps-homme. Et bien, grâce à cette IA, on a estimé que sous trois mois, en fait, grâce à la moulinette qu'on va mettre en place, pour faire simple, nous avons à peu près sous trois mois l'assurance que toutes nos compétences seront accessibles maintenant désormais aux personnes en situation de handicap. Donc, vous voyez, une recherche vraiment sur l'efficacité. Et bien sûr, le ROI, il est bien entendu pour Kwark, puisque c'est une dépense en moins, mais il est également pour nos clients, puisque ça permet de ne pas répercuter tous ces coûts, évidemment, pour nos clients qui ont besoin de bénéficier de ces modules qui sont sur étagère. Alors, bien sûr, il y a plein d'autres exemples sur la création de contenu. Eh bien, on a travaillé sur des vidéos générées par des IA. Je vous parlais tout à l'heure de BlendGen, évidemment. On a travaillé sur des fiches de formation qui nous permettaient d'automatiser à la suite d'un module, la synthèse, pour pouvoir donner aux apprenants une fiche sous format PDF. Dans le domaine de l'image, comment on peut, dès un concept pédagogique qu'on explique à un client autour d'une formation, qu'elle soit présentielle ou distancielle, comment on peut l'illustrer. Et on sait que le poids de l'image est beaucoup plus important, et puis il permet de visionner un concept. Donc on a travaillé autour de tout cela. On a travaillé aussi, je vous parlais de la voix et de la musique, sur des voies artificielles d'excellente qualité pour pouvoir créer des podcasts, et encore une fois, aussi, dans le sous-titrage des modules. Pour permettre évidemment d'avoir un coût très accessible pour systématiquement proposer une voix off. Voilà, bien d'autres, encore innovations, que je me ferai un plaisir de vous présenter, mais le temps est compté, donc je me permets de passer à la suite. Et puis, quels autres usages nous avons testés ? Nous avons testé dans la conception elle-même, pédagogique, comment l’IA pouvait nous aider, nous faciliter l'accès, justement à la conception. Et on a été un petit peu échaudés. Je vais vous donner encore une fois quelques chiffres et vous allez voir que dans certains cas, c'est intéressant, dans d'autres, ça l'est beaucoup moins. On a travaillé sur l'analyse de référentiel, sur la création de maquettes pédagogiques, sur la sélection de modules sur étagère, sur la création d'activités pédagogiques aussi. Et puis, je vous parlais tout à l'heure de la vidéo et des parcours personnalisés. Et on a réalisé une véritable étude. On a mesuré l'impact de cette mise en œuvre de l'IA, qui nous a donné des résultats très inégaux. Donc, le premier schéma représente, si vous arrivez à discerner, combien de temps on peut gagner grâce à une analyse faite par une IA d'un référentiel. Pour le coup, on est tenté de se dire que c'est très probant dans la mesure où il nous faut à peu près deux heures, nous, pour une équipe pédagogique pour analyser un référentiel du marché. Pardon, je vous dis une bêtise, il nous faut à peu près 60 heures pour analyser un référentiel dans son intégralité. Quand on part du début pour essayer de construire une maquette et qu'on veut véritablement le maîtriser de bout en bout. Avec toutes les compétences associées. Et on l'a confié à une IA qui a pris deux heures. Alors, on serait tenté de se dire, mais c'est absolument génialissime. Le résultat n'est absolument pas à la hauteur, malheureusement. On aimera bien voir cette évolution, je l'espère, très rapidement. En réalité, les résultats que nous apporte une IA sont complètement décorrélées, puisqu'elle ne connaît pas encore, elle n'est pas encore entraînée à notre particularité française, c'est-à-dire à connaître tous les référentiels, justement, et de compétences et de diplômes. Donc, ce n'est pas forcément une bonne idée. On l'a testé. En ce qui concerne la création de maquettes pédagogiques, on a réussi à gagner cinq fois, enfin, on met cinq fois moins de temps pour construire une maquette pédagogique. J'ai envie de vous dire que le résultat est mitigé. Pourquoi parce que, toujours parce qu'en amont, ils ne connaissent pas forcément les référentiels pédagogiques, eh bien, la maquette, elle, est d'un rendu plus ou moins satisfaisant. Donc elle mérite une très, très grosse relecture. Ça peut être une première idée, une première intention, quand on ne sait pas du tout de quoi l'on parle et qu'on se lance sur un nouveau sujet. Et on se dit tiens, il y a une thématique qu'on aimerait bien explorer, ou notre client nous a sollicité sur quelque chose. En revanche, ça mérite beaucoup de relecture. Donc, ne pas se fier forcément à la réponse de ce matching. Sur la rédaction de contenu pédagogique, on est là dans un rapport huit fois plus rapide grâce à une IA, ici. Cette rédaction de contenu pédagogique, encore une fois, elle peut être limitée. Alors, cette fois-ci, pas pour le rendu, mais parce que c'est assez superficiel, en réalité. Évidemment, tout dépend de la source que l'IA aura trouvée, on est loin de l'expertise de quelqu'un qui maîtrise parfaitement son sujet. On va pouvoir créer un contenu pédagogique lié à des notions, à des fondamentaux, Mais on n'ira pas très, très loin finalement, dans un sujet qui mérite un approfondissement certain pour acquérir de véritables connaissances ou compétences sur un sujet. Alors, par contre, ce qui nous a donné entièrement satisfaction, parce qu'il y a des choses très, très bien à faire, c'est tout ce qui est réécriture d'un document. Là, on a testé à plusieurs reprises également comment on peut réécrire, vous savez, pour réencapsuler finalement, un contenu qui nous a été donné par un auteur. Et en réalité, là, on a réussi à avoir des gains de temps de l'ordre de six fois moins de temps que si on rédige nous-mêmes. Avec un résultat très satisfaisant au bout du compte. De la même manière, quand on est sur la création d'activités, vous savez, questionnaires, quiz, finalement, comment on ancre les connaissances. Donc, ça, c'est valable aussi bien pour du présentiel que pour du distanciel, quand on veut faire travailler les apprenants sur des notions post-formation, eh bien, là, on est sur un rapport de, on passe de 8 heures de travail à 0,25 heure de travail, c'est-à-dire pratiquement un quart d'heure. Donc, vous comprenez bien que c'est extrêmement puissant et ça permet aussi de varier encore plus ces modalités pédagogiques. Et donc, pour nous, c'est un véritable succès que d'utiliser justement une IA pour la création de contenu. Merci. Voilà, pour quelques exemples.
Delphine Juban, Via Compétences
Merci, Sophie, merci beaucoup, peut-être que je vous laisse terminer sur les bonnes pratiques.
Sophie Torre, Kwark
Oui. Donc, en quelques mots, les bonnes pratiques. Pourquoi Enfin, nous, ce qu'on a envie de retenir par rapport à l'innovation, c'est que cette innovation, elle est toujours en lien avec un objectif de résultat. C'est-à-dire que, comme je le disais en introduction, résultats à obtenir, soit pour améliorer l'expérience apprenant, soit pour faciliter la création de contenu présentiel ou distanciel. Nous, on est dans un mindset où ce n'est pas forcément compliqué. Ce qu'on veut, c'est tester et s'assurer que c'est valable, et c'est à la portée de tout le monde avec des outils gratuits. Donc, on est très enthousiastes et en tout cas, on vous encourage à tester, essayer aussi. Et une toute petite innovation peut faire beaucoup de choses. Ne pas hésiter à se lancer, surtout. Et puis, travailler sur ce qui existe. Déjà aussi, ne pas refaire le monde, à savoir utiliser, lorsque vous voulez innover, par exemple pour créer du blending, utiliser ce qui est déjà tout prêt sur étagère et l'enrichir d'autres choses. Et ça, ça permet d'aller très, très vite et assez loin.
Delphine Juban, Via Compétences
Super, merci beaucoup, Sophie pour ce témoignage inspirant. Alors, on prend note de vos questions dans le chat, et on vous propose pour le moment encore, de poursuivre sur un autre éclairage terrain, Et on reviendra sur les différentes questions qui sont posées. Autre témoignage, celui d'Olivier Kirsch. Olivier, je rappelle que vous êtes directeur du GIFOD, membre du Bureau d’AINOA. Vous allez pouvoir nous expliquer pourquoi et comment le GIFOD a choisi d'innover. Avec un focus sur les stratégies de mise en œuvre, les contraintes-terrain aussi. Et vous allez aussi pouvoir nous parler de la manière, tout ça comment ça se confronte avec le cadre réglementaire.
Olivier Kirsch, GIFOD [00 : 00 : 00]
Tout à fait, merci, Delphine. Je vais lancer les diapos simplement pour resituer qui est le GIFOD. Le GIFOD est une association dont les adhérents sont des CFA ou des organismes de formation. On regroupe une petite vingtaine de ces adhérents et ça représente un peu plus de 20 000 apprenants sur l'ensemble du territoire national, mais aussi dans les territoires ultramarins. Notre métier à nous, c'est de mettre à disposition de ces adhérents des outils techno-pédagogiques qui vont leur permettre de déployer des projets de formation multimodale. On est, je dirais, convaincus que la bonne modalité de formation, c'est un panachage entre le présentiel et les autres modalités. Et je dirais, quelque part, ce que nous essayons de faire dans notre métier, c'est d'accompagner au déploiement de tels types de projet. Au passage, je suis également membre du bureau d'AINOA depuis une petite vingtaine d'années. Et puis, j'ai le plaisir de vous annoncer, parce qu'on vient, on est en train de le valider en assemblée générale, qu’AINOA organisera ses rencontres pour parler justement de 30 ans d'innovation en formation digitale. Donc, ceux qui sont intéressés, n'hésitez pas à aller sur le site d'AINOA, qui sera dans les supports qu'on vous proposera. Alors, pourquoi innover pour nous, GIFOD ? Bien, notre idée, puisque j'étais au départ directeur de CFA, je crois qu'il y en a un autre parmi les intervenants, si j'ai bien entendu tout à l'heure. Notre idée, c'était de revisiter les ingénieries pédagogiques à l'aune des nouvelles technologies qui apparaissaient sur le marché. On a commencé à faire ça avec l'apparition des premières plateformes de e-learning. C'est d'ailleurs des travaux qu'on a fait régulièrement, en collaboration avec Philippe Requet, qui interviendra tout à l'heure et qui connaît bien la problématique. Pour la petite histoire, on en est à notre quatrième LMS. On a testé des solutions propriétaires, mais également des solutions open source. On est actuellement sur une plateforme Moodle, mais je vous en dirai un petit peu plus tout à l'heure. Donc, notre idée à nous, c'est d'accompagner la montée en compétence de nos adhérents, organismes de formation, de leurs chefs de projet, de formation multimodale et de leurs formateurs, bien évidemment. Et puis, ceci, on le fait au travers de la mutualisation de moyens, moyens financiers, mais aussi moyens, bien évidemment, technologiques et pédagogiques. Donc, en fait, comment est-ce qu'on a procédé pour faire cela ? Eh bien, vous l'avez vu sur la première diapo, on propose à nos adhérents un catalogue de ressources pédagogiques. Alors, majoritairement des ressources pédagogiques qu'on a créées tous ensemble. Et pour ça, et c'est le deuxième point sur la diapo que vous avez là, on s'est appuyé sur les formateurs des établissements adhérents du GIFOD. C'est-à-dire, on a développé un process de conception où on demande à chacun de nos adhérents de nous fournir un panel de formateurs qui peuvent être en capacité de produire un scénario sur le fond d'une ressource pédagogique. Ce scénario, ça peut être tout à fait un document crayon, papier. Et à partir de ce document-là, on met en œuvre une équipe de collaborateurs qui vont être en capacité de digitaliser ces ressources pédagogiques. Et en phase de production de ces ressources pédagogiques, il y a des formateurs des autres établissements adhérents qui vont, eux jouer le rôle de valideurs. Alors, pourquoi est-ce que c'est intéressant ? Ça permet d'embarquer à la fois le formateur concepteur du scénario de la ressource, mais également d'embarquer les formateurs qui valident au fur et à mesure qu'on crée la ressource pédagogique. Et si vous faites attention à ce que ces formateurs appartiennent à des établissements différents, vous avez déjà une bonne façon d'embarquer des équipes de formateurs, de CFA ou d'organismes de formation différents. Bien évidemment, tout ceci se fait dans une logique de mutualisation, à la fois de coûts et des pratiques. On montre régulièrement des mini-projets sur des financements européens ou autres, où en fait, quatre ou cinq de nos adhérents se mettent autour de la table suite à l'apparition, par exemple, d'un nouveau référentiel de formation dans un diplôme donné. C'est des choses qu'on a fait à plusieurs reprises.
Oui, alors, les points d'attention. En fait, notre problématique, on l'a découvert chemin faisant au cours du temps, c'est qu'il faut voir prévoir dans un projet de formation multimodal un temps humain conséquent est nécessaire, voire indispensable. C'est à dire qu’assez souvent, quand on réfléchit à un projet de ce type-là, on se dit bah, il va nous falloir temps et temps d'euros pour acheter des outils, concevoir des outils. Mais on a un petit peu tendance à négliger le temps-homme nécessaire pour toutes ces phases de réflexion sur le cahier des charges, sur les tests des outils, quand on réfléchit en développement, agile sous forme de sprints successifs. Donc il ne faut pas, quand on crée un projet de ce type-là, minorer ce temps-homme. Je dirais que c'est presque le cœur d'un tel type de projet. Autre, je dirais, condition à respecter, sécuriser les aspects juridiques. Dans nos adhérents, on en a un certain nombre qui ont adhéré assez récemment, et qui avaient déjà déployé de manière individuelle leurs propres projets. Quand ils sont arrivés chez nous, ils nous ont dit on souhaiterait réutiliser les contenus ou les ressources pédagogiques qu'on a pu développer dans le passé. Nous, GIFOD, on est diffuseur de ces ressources pédagogiques. Et j'ai en tant que diffuseur une obligation de vérifier que les aspects juridiques ont bien été pris en compte. Et on a découvert, à l'occasion de ces nouvelles adhésions, qu’il y a un certain nombre de nos adhérents qui n'avaient pas pris garde à ces problématiques-là, et qui avaient bien des ressources pédagogiques qu'ils utilisaient, mais pour lesquelles ils n'avaient pas géré la problématique de la cession des droits d'auteur. Donc, c'est un point important à prendre en compte quand on réalise des ressources pédagogiques. Et bien évidemment, mais ça a déjà été cité, tout ceci doit se faire dans le respect de la RGPD et de l'IA act, vous savez qu'on a de plus en plus de contraintes. Troisième point que je voulais mettre en avant dans les points d'attention qu'il faut impérativement respecter, c'est la problématique économique des mises à jour. Je crois que Sophie en a touché un petit mot tout à l'heure. C'est quelque chose en général qu'on oublie. Puis, au bout de trois ans, Il y a un nouveau texte qui sort, il y a un nouveau référentiel qui sort, et puis vos ressources pédagogiques ne sont plus à jour. Et le coût de ces mises à jour, il est conséquent. Alors, s'il faut tout refaire en un bloc, vous avez entendu le chiffre, moi, j'ai noté 485 jours hommes pour mettre du sous-titrage sur des ressources pédagogiques, et bien ces évolutions-là, il faut les prévoir et il faut les faire au fil de l'eau. C'est-à-dire que nous, on estime aujourd'hui qu'une ressource pédagogique, elle a une durée de vie de l'ordre de 3 ans, mais ça veut dire que chaque année, il y a des ressources pédagogiques qu'il faut mettre à jour. Et Philippe Requet, qui est parmi les intervenants, doit se souvenir qu'on avait mis en place un petit compteur sur les ressources pédagogiques qui nous déclenchait une alarme quand on était au bout de cette troisième année. Et puis, ça avait pour vertu de ne pas nous faire penser, enfin, de ne pas oublier ces mises à jour.
Et puis, je voulais vous parler également, un petit peu, puisqu'on parle d'innovation en formation, des lieux ou des temps où on peut entendre parler de l'innovation en formation. Et il se trouve que nous en tant que GIFOD, on fait partie d'un consortium de 15 membres et qu'on a déposé une réponse à l'appel à projet DEFFINUM de l'État. Et que donc, on a été retenu autour d'un projet qui s'appelle NIDAIL. Et bien le fait d'être lauréat de cet appel à projet nous permet d'aller en fait à la rencontre des 60 autres lauréats. Et en fait, il y a un certain nombre de séminaires et d'autres activités que vous voyez ici dans la diapo qui nous permettent d'échanger avec nos collègues lauréats, tout simplement pour savoir quel type d'innovation eux déploient dans le cadre de leurs projets. Et je peux vous dire que ces échanges et ces séminaires sont particulièrement riches et intéressants, et nous ont déjà un petit peu fait évoluer le projet sur lequel on avait planché en 2021. De la même manière, on organise à l'intérieur de notre consortium de 15 membres un séminaire annuel et des rencontres plénières, et là aussi, chaque organisme de formation du territoire arrive avec ses pratiques et les outils qu'il a pu rencontrer chez des collègues. Et ça nous permet là aussi de rester au courant de ces innovations en formation. Donc, c'est, je dirais, un moyen de se tenir informé. Il y a bien évidemment d'autres moyens. Et on est tous, je pense, abonnés à la newsletter de Centre Inffo, ça peut être un autre bon moyen. Innover, c'est aussi évaluer, mais je crois que ça a déjà été, dit, là aussi, à deux reprises. J'ai entendu Colin le citer tout à l'heure. J'ai entendu Sophie en parler également. On avait pour obligation dans cette réponse à l'appel à projet, des phénomènes de se faire accompagner par des chercheurs. Donc nous on a choisi de travailler avec un cabinet qui s'appelle Conseil et Recherche et qui donc suit les travaux que l'on mène tout au long du projet. C'est un projet de 36 mois, c'est quand même un projet conséquent. Et en fait, on a fait déjà plusieurs travaux successifs avec eux et on a notamment déployé ce qu'ils ont appelé une enquête au temps zéro. C'est-à-dire qu'ils sont allés regarder les comportements des apprenants des différents organismes de formation membres du consortium. Et ça, c'était le temps zéro. Donc, c'est avant le déploiement des dispositifs qu'on était en train de construire. Et on aura, à partir d'octobre 2025, ce qu'on a appelé le temps 1, où en fait, Ils vont reproduire la même enquête sur des publics similaires, pour voir de quelle manière les dispositifs qu'on déploie vont être adoptés et utilisés par ces apprenants, normalement similaires à ceux du temps zéro dont je vous parlais tout à l'heure. Donc, cette obligation est plutôt intéressante. Et les travaux de recherche qui seront issus de ce livrable seront bien évidemment librement accessibles à la communauté des organismes de formation. De la même manière, dans les rencontres entre lauréats, J'ai eu le plaisir de découvrir un outil que vous pouvez aller voir, qui s'appelle « Peac2h » et qui permet de construire soi-même sur une plateforme internet des dispositifs d'évaluation d'un projet de formation. N'hésitez pas à aller le voir, vous aurez avec le livrable le lien pour aller sur cet outil-là. De la même manière, on a été incité par la Caisse des dépôts, qui pilote cet appel à projet, à nous faire accompagner sur la réflexion de la pérennisation des dispositifs qu'on était en train de construire, c'est-à-dire sur l'après-projet. Et on a bénéficié en fait avec la Caisse des Dépôts d'un audit par un cabinet. Et là aussi, on a eu un livrable particulièrement intéressant. Il est toujours intéressant quand on fait une expérimentation, même si elle fonctionne, de pouvoir la pérenniser. Mais je crois que c'était le propos de Colin tout à l'heure.
Et puis, je voudrais faire un ou deux focus sur ce que pourraient être, entre guillemets, les limites de l'innovation ou les limites actuelles du cadre, qui peut contraindre éventuellement l'innovation. La formation à distance a été reconnue légalement, au moins en partie, depuis la loi du 5 mars 2014. Mais il y a encore du travail à faire de ce côté-là. Je voulais simplement mettre en avant quelques points qui restent à explorer du côté de la VAE, des bilans de compétences, de la partie « évaluation à distance » pour certifier des compétences. Donc ces points-là aujourd'hui nécessitent une clarification des textes. On a une collègue au bureau AINOA, qui est juriste de formation, qui a proposé un dossier très intéressant que vous trouverez dans une revue du droit social. On vous mettra tout ça dans les annexes du webinaire d'aujourd'hui.
Et puis, je dirais une dernière problématique qui nous interpelle à l'heure actuelle. J'ai dû, oui voilà je suis sur la bonne diapo. Vous avez peut-être entendu parler d'un projet de décret qui doit paraître pour être appliqué à compter du 1er juillet, dans lequel il est question d'une baisse de financement de la formation, donc du niveau de prise en charge, du fameux NPEC, dans le cadre de formations qui se faisaient à distance pour plus de 80% de leur durée. Alors, pour ceux d'entre nous, autour de la table, qui font de la formation à distance depuis de nombreuses années, on s'interroge pour savoir comment vont être calculées ces 80%. Je vous donne juste un petit exemple, qui vous permettra de comprendre la difficulté. Quand vous faites une formation comodale, et dans mes adhérents, j'en ai un certain nombre qui font ça. C'est-à-dire que j'ai un groupe d'apprenants dont la moitié est en présentiel, et puis dont l'autre moitié, moyennant une visio, suit la formation à distance. Donc ça veut dire qu'il y a des bénéficiaires qui seront soumis à une règle, ceux dans la salle, et d'autres soumis à une autre règle parce qu'ils sont à distance. Ils suivent le même cours, ils peuvent interagir de la même façon, poser des questions. Donc, c'est assez surprenant. On a soulevé cette problématique-là du côté du législateurs. On attend son retour. On a quelques doutes que ce soit pris en compte. Vous voyez également quelques problématiques dans la deuxième partie de la diapo qui, aujourd'hui, nécessitent également une clarification, puisque nos adhérents ont eu le plaisir de subir quelques contrôles, soit réglementaires, soit de financeurs, et on se rend compte qu'en termes de définition, de ce que c'est qu'une prise en compte d'une formation ou d'un prescrit auto-forfaitaire, on a quelques difficultés à s'entendre sur ces définitions. Donc voilà, en quelques mots, ce que je souhaitais vous dire. J'espère avoir tenu le timing.
Brice Cristoforetti, Via Compétences
C'est parfait. Merci beaucoup, Olivier. C'était vraiment très intéressant de ce qui a été apporté avant. On va passer sur le dernier retour d'expérience. Et puis, après ce dernier retour d'expérience, on aura uniquement des échanges et des réponses aux questions du chat. Pour cette dernière intervention, on va donner la parole à Philippe Requet, qui est, vous avez ici la diapo, qui est directeur informatique au groupe Arkesys. Et puis peut-être, Philippe, je crois que vous allez répondre à une des questions qui doit en tarauder certains, c'est est-ce que l'innovation, c'est forcément du numérique ? Parce qu'on a parlé beaucoup de numérique, mais je pense que vous avez une partie de la réponse à nous donner. Je vous donne la parole, merci beaucoup.
Philippe Requet, Arkesys [01 : 31 : 37]
Merci, bonjour à toutes et à tous. Moi, je suis Philippe Requet, je suis directeur informatique du groupe Arkesys. Le groupe Arkesys, en fait, on est le centre de formation informatique dédié aux entreprises. Et donc, moi, l'idée, c'est de vous présenter des exemples de méthodes pédagogiques innovantes, surtout dans ce domaine-là, dans le domaine de la formation informatique. Et j'aimerais aussi vous parler un petit peu des pièges qui sont pour moi à éviter, enfin, les retours d'expérience que j'ai pu avoir. D'autant plus que moi, j'étais aussi formateur et je suis également développeur, et je développe notamment des outils pour Olivier Kirsch au niveau de sa plateforme, des outils de suivi ou autre. On va en reparler avec de l'intégration d'IA pour éviter le décrochage, notamment. Et donc, je suis un peu des deux côtés de la barrière, donc j'ai un peu une vision globale là-dessus.
Alors, on va essayer d'être pragmatique. En fait, les besoins en compétences changent. Là, tout le monde, on en a parlé depuis tout à l'heure, l'IA, l'arrivée de l'IA dont tout le monde parle maintenant, mais il n'y a pas que l'IA, il y a la cybersécurité, Il y a la data numérique, qui sont des domaines maintenant incontournables, et qui, surtout, demandent des mises à niveau qui sont régulières et fréquentes. Et donc les entreprises attendent des collaborateurs qui soient plus autonomes et plus efficaces, et donc, ça nous a amené à concevoir des formations plus ciblées, qui soient modulables et ancrées dans l'opérationnel. Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est que les attentes des apprenants aussi ont changé, surtout depuis l'épisode du Covid. Maintenant, les gens qui se forment, contrairement à ce qu'on a pu connaître avant, ils demandent beaucoup de flexibilité. Ils sont beaucoup demandeurs de formations à distance, ce qui n'était pas du tout le cas avant l'épisode du Covid. C'était très compliqué d'essayer de mettre en place des formations distancielles, alors que là, c'est vraiment une demande, avec la possibilité de se former à son propre rythme. Les apprenants aussi demandent de la personnalisation pour que la formation colle à leurs problématiques. Ils veulent apprendre de manière active et non plus être spectateurs. Et surtout, et ça, c'est des retours d'expérience que j'ai beaucoup, ils veulent tout de suite voir de quelle manière concrète ça va pouvoir leur servir dans le cadre de leur métier. Et donc, face à ces nouveaux besoins, ces nouvelles attentes, justement, Il y a des nouvelles modalités pédagogiques qui ont émergé. J'en présenterai quelques-unes, Il y en a tout un tas, mais il va y avoir par exemple, la classe inversée, la formation hybride, les LMS, l'apprentissage par projet, enfin, il va y avoir des outils qu'on peut mettre en place. Il y a eu tout un tas de développements d'outils. Et donc, on va essayer d'en voir ensemble quelques-uns.
Alors, juste avant qu'on voie ça... Encore une fois, l'innovation pédagogique, pour moi, c'est un moyen, pas une fin. Par exemple, ce n'est pas parce qu'on utilise un LMS qu'on peut dire qu'on a innové. Ce qui compte, c'est qu'est-ce que ça change pour l'apprentissage. Qu'est-ce que ça change pour l'engagement des apprenants et pour l'efficacité pédagogique ? C'est ça, les bonnes questions à se poser, d'accord ? On ne va pas faire de l'innovation pour l'innovation, mais ça, ça a déjà été dit. Donc, la technologie, elle peut nous permettre de rendre les parcours plus flexibles, d'individualiser et de maintenir l'attention. Mais seule, elle ne va pas suffire. Vous voyez, par exemple, avec Olivier Kirsch, on connaît bien la problématique. Si vous mettez une personne sur une plateforme de formation complètement en autonomie et que vous la laissez, seule, il faut être sûr qu'il y a 9 chances sur 10 qu'elle abandonne la formation avant la fin. C'est très rare que des personnes, lâchées toutes seules comme ça dans un environnement, arrivent à se motiver suffisamment pour s’y remettre. Le formateur garde toute sa place et la technologie va juste lui permettre de se libérer du temps. Et libérer du temps au formateur pour qu'il accompagne mieux ses stagiaires et qu’il maintienne leur motivation d'apprentissage. Et également une chose importante, surtout dans le cadre de formation hybride avec un LMS, ça peut aussi changer son rôle. C'est-à-dire que non seulement il va avoir le rôle de formateur, mais il va également avoir un rôle de tuteur pour accompagner les apprenants sur les plateformes de formation.
Alors, j'aimerais juste vous présenter très rapidement trois exemples de méthodes innovantes. Tout d'abord, on va avoir, par exemple, la classe inversée. L'objectif de la classe inversée, qu'est-ce que c'est ? En fait, on va envoyer en amont à l'apprenant des contenus théoriques. Ça va être soit des vidéos, soit des documents, soit des quiz sur lesquels il va falloir qu'il travaille en amont de la formation. Et après, pendant la formation, on va se concentrer uniquement sur la pratique et sur des cas réels. Donc, là, la personne va pouvoir réellement mettre en application, et accompagnée par un formateur, ce qu'elle aura vu avant. Et travailler en atelier sur des cas réels. Et donc, par exemple, sur une formation informatique classique, on pourrait tout à fait imaginer sur Excel envoyer des vidéos sur les fonctions. Et puis, après, quand la personne revient avec ses fichiers, on va mettre ensemble en action, ces différentes fonctions, lui montrer lesquelles sont les plus pertinentes et comment les utiliser. Donc ça, ça a des avantages, ça permet d'avoir plus de temps pour personnaliser l'accompagnement, ça développe l'autonomie et donc, bien entendu, ça valorise le temps synchrone avec le formateur.
Un autre exemple qu'on peut mettre simplement en place, c'est la formation par projet. Et donc, pour vous donner des exemples, nous, au sein du groupe Arkesys, on fait des titres professionnels et on met en place régulièrement un titre qui s'appelle le technicien d'assistance informatique. Et donc, lors d'une session, on avait demandé aux stagiaires en fil rouge, pour certains, de créer une borne d'arcade. Et, pour d'autres, de créer un miroir connecté avec des petits Raspberry qui sont des sortes de petits ordinateurs, si je schématise. Et donc, l'idée, c'était de créer deux groupes, de ne pas leur donner plus d'indications que ça au départ, pour qu'ils fassent eux-mêmes les recherches. Voilà, comment on peut faire ? Quelles sont les problématiques qui vont se poser ? Quel est le matériel dont je vais avoir besoin ? Et comment on va avancer dans le projet ? Et donc, c'était quelque chose qui se faisait en fil rouge, au fur et à mesure de leur apprentissage. Et on est arrivé à la fin, où, à la fin de la formation, ils avaient créé leur borne d'arcade, ils avaient fait un miroir connecté qui affichait la météo, sur lequel on pouvait écouter de la musique. Et donc, ça leur avait permis de concevoir de A à Z tout le projet. Et donc, les avantages de ça, déjà, c'est une implication active. Ça développe, et quelque chose qui, pour moi, est fondamental, les compétences transverses, la rigueur, la collaboration, l'autonomie. Et donc, l'apprentissage est centré sur le pratique. Et ils mettent directement ce qu'ils apprennent pendant la formation en application. Et donc l'apprenant ne subit pas la formation, il est vraiment acteur également de sa montée en compétence.
Et puis, troisième exemple que je connais bien, c'est l'utilisation d'une plateforme de formation. Typiquement, je travaille beaucoup avec Olivier Kirsch sur Moodle, je vous le disais. Ce qui permet de créer des parcours de formation en ligne. Alors, ça va présenter beaucoup d'intérêt parce que ça va permettre de centraliser des contenus, de suivre la progression des stagiaires, de proposer des parcours personnalisés, puisque les plateformes vont pouvoir personnaliser les parcours suivant des quiz qu'on va pouvoir créer. Les personnes peuvent se former quand elles le souhaitent, puisque les accès aux ressources sont en 24-24, 7 jours sur 7. Il y a des gros avantages également pour les formateurs puisqu'ils peuvent suivre les progrès des différentes personnes. Il y a des outils qui peuvent stimuler l'apprenant, comme la remise de badges par exemple. Il peut y avoir des interactions synchrones avec les chats ou asynchrones avec les forums. Donc ça va présenter beaucoup d'avantages. Alors, attention, moi, ce que je dis toujours avec les LMS, un LMS, ça ne se suffit pas à lui seul, c'est une modalité pédagogique au sein d'un ensemble de modalités pour une formation. Il est nécessaire de bien scénariser les parcours. C'est ça aussi qui peut être un petit peu complexe au départ. Pour les formateurs, donc bien scénariser le parcours pour qu’ensuite, de manière automatique, la plateforme puisse individualiser les parcours pour chaque apprenant. Mais il faut également prévoir des temps de feedback de regroupement où tous les stagiaires, tous les apprenants vont pouvoir se retrouver en présentiel avec un formateur où il va y avoir des temps de feedback. Et bien entendu, pour éviter la lassitude, il faut intégrer au sein de ces LMS et au sein des cours concrets des ressources variées. Pour ne pas que ce soit monotone et toujours garder l'attention des apprenants. Pour moi, le LMS, c'est vraiment la colonne vertébrale de la formation hybride. Donc, là, il structure, mais encore une fois, ça ne remplace pas le formateur, qui reste quand même un point central indispensable.
Alors, maintenant qu'on a vu différents exemples, vous voyez qu'ils sont quand même relativement simples à mettre en œuvre. Alors, encore une fois, je n'en ai listé que trois, mais on pourrait en lister tout un tas. Il pourrait y avoir des outils plus techniques. Ça peut être du Genial.ly, ça peut être du Kahoot, ça peut être du Klaxoon. Il y a tout un tas d'outils, mais l'idée, c'était de présenter des outils assez simples à mettre en place. Mais quel que soit l'outil que vous allez utiliser, quand vous voulez mettre en place une innovation pédagogique au sein de vos formations, il y a beaucoup de projets qui échouent parce qu'on veut aller trop vite. On voit l'outil, on se dit, bah, tiens, c'est super, on pourrait le mettre tout de suite en place, et généralement, si on fait comme ça, ça ne marche pas. Et donc j'ai essayé de vous lister un peu les cinq pièges que j'ai pu identifier.
Le premier, c'est d'imposer un outil sans accompagnement. Donc, encore une fois, vous déployez un LMS, vous déployez un outil de classe virtuelle ou autre, mais si vous ne formez pas les personnes à l'utilisation, s'il n'y a pas de support, s'il n'y a pas de temps d'appropriation, ça ne fonctionnera pas. Parce qu'il va y avoir du rejet de l'outil, il va y avoir du stress à l'utilisation de l'outil, et l'outil ne va pas être utilisé ou alors va être sous-utilisé. Et c'est dangereux parce qu'en plus, si un formateur n'adhère pas à l'outil, ce qui va se passer, c'est qu'il va transférer ce mal-être aux apprenants qui rejetteront aussi l'outil. Donc, ça, c'est vraiment quelque chose sur lequel il faut faire attention. Il faut bien prendre le temps, mais j'y reviendrai tout à l'heure, bien, prendre le temps sur l'accompagnement.
Ensuite, le deuxième point, ce n'est pas utiliser la technologie comme gadget, mais ça a déjà été dit plusieurs fois. Ce n'est pas faire de la techno pour faire moderne, ou parce que tout le monde le fait, ou parce que l'IA, il y a de l'IA partout. OK, mais on ne va pas faire de l'IA pour faire de l'IA, d'accord ? Ça doit répondre à un objectif pédagogique précis. Donc, encore une fois, quand vous souhaitez utiliser un outil, posez-vous la question. Quel est l'objectif ? Qu'est-ce que je veux faire avec et qu'est-ce que ça va apporter de plus, que peut-être une méthode traditionnelle n'apporterait pas ? Ensuite, en 3, ça va être l'absence d'évaluation de l'impact pédagogique. Ce que je vous disais, c'est que vous lancez une nouvelle modalité pédagogique, mais qu'est-ce qu'elle apporte ? Est-ce que les apprenants, par exemple, vont mieux progresser ? Est-ce qu'ils vont être plus motivés ? Donc, il faut essayer d'analyser ça pour voir réellement ce que ça va apporter à vos stagiaires. En tout cas, pour moi, pour ma part, l'idée, c'est de vraiment apporter quelque chose aux stagiaires que l'on peut rencontrer.
Ensuite, il va y avoir le problème de surcharge cognitive ou de complexité excessive. C'est à dire que toujours pareil, si vous utilisez beaucoup d'outils, si vous mélangez beaucoup d'outils, il va y avoir trop de consignes, trop d'interface à gérer et que les apprenants vont devoir assimiler pour pouvoir suivre la formation. Et du coup, s'il y a trop de choses différentes, ils vont se perdre et au lieu d'apprendre, ils vont passer leur temps à comprendre comment tel outil fonctionne, de quelle manière, et qu'est-ce que ça fait ? Et donc, encore une fois, ça va être contre-productif.
Et enfin, le dernier point, c'est de méconnaître les besoins réels de l'apprenant. C'est pareil, si on cherche à innover, sans prendre en compte le niveau des stagiaires, les attentes ou les contraintes du public qu'on cible, c'est un peu ce que je dis chaque fois, c'est comme essayer de concevoir un produit sans faire d'études de marché. Et donc, on se retrouve avec un produit qui techniquement peut être intéressant, il n'y a pas de souci, mais qui va être déconnecté du terrain et des attentes des apprenants. Et donc, il faut bien entendu innover, mais il faut toujours écouter, tester et ajuster sans cesse pour que, justement, ces innovations fonctionnent correctement.
Ensuite... Comment réussir sa transition pédagogique et ses innovations pédagogiques ? C'est un peu ce que je vous disais, il faut analyser les besoins pédagogiques. Avant de changer quoi que ce soit, il faut comprendre ce qu'on veut améliorer. Quels sont les objectifs pédagogiques de l'innovation ? Quel est le public visé ? Quels sont les profils, les contraintes ? Quels sont les besoins ? Est-ce que le public que vous allez former a un besoin d'autonomie, bien entendu, un besoin de monter en compétence, lesquels, est-ce qu'il faut cibler telle compétence, est-ce qu'il va y avoir des demandes différentes, est-ce qu'il y a des problèmes de motivation, et donc, comment pallier tout ça. Et donc, sans cette étape-là, un petit peu d'analyse, vous risquez de choisir des solutions innovantes qui ne vont pas être forcément adaptées au profit du public. Il faut bien prendre en compte que, suivant le public, suivant le type de formation, on ne va pas pouvoir utiliser chaque fois les mêmes solutions. Du coup, il en découle de choisir la bonne modalité. On ne va pas choisir une modalité parce qu'elle est à la mode, mais parce que justement elle sert à un objectif. Par exemple, la classe inversée, c'est pour stimuler l'autonomie. Je vous disais tout à l'heure, une formation par projet, c'est pour rendre l'apprentissage plus concret. Un LMS, c'est pour structurer un parcours hybride, et ainsi de suite. Et donc, il faut vous poser la question, chaque fois que vous souhaitez utiliser un outil innovant, encore une fois, il y en a pléthore sur le marché, quel est l'objectif que vous souhaitez atteindre à travers cet outil ? Et donc, le choix doit être cohérent avec le contexte. Ensuite, moi, ce que je conseille, mais encore ce que j'essaye de mettre en œuvre, c'est bien entendu, avant de déployer quelque chose à grande échelle, essayer de prototyper, de tester avec un groupe pilote, et puis de recueillir les retours. Vous allez voir que souvent, quand on met en place une innovation, Il y a beaucoup de changements qu'on est amené à apporter au fil de l'eau avant de vraiment tomber correctement. Donc, on construit pas à pas. Avec les retours de terrain. Et puis, bien entendu, toujours le faire en accompagnant les équipes. C'est vraiment la chose essentielle. Dès le départ, les impliquer, les former, les rassurer, les impliquer, surtout au niveau des formateurs qui sont parfois un peu des publics un peu, on va dire, capricieux, réfractaires au changement. Et donc, Il faut vraiment les rassurer, leur dire que ça ne remet pas en cause ni leur pédagogie, ni leur métier, mais qu'au contraire, c'est un petit peu en plus. C’est ce que je voudrais essayer de vous expliquer dans la prochaine diapo.
Bien entendu, les formateurs sont au cœur du changement. Il n'y a aucune transformation pédagogique qui ne va réussir sans l'appui des formateurs. C'est eux qui rendent les dispositifs vivants et efficaces. L'innovation ne repose pas uniquement sur les outils. Pour moi, elle repose d'abord sur les personnes qui animent les formations et la manière dont elles vont utiliser les outils. C'est ce que je vous disais, si un formateur n'aime pas l'outil, il l'utilisera mal ou ne l'utilisera pas du tout, ce qui ne va faire qu'entraîner un rejet de la part des stagiaires. C'est ce que je vous disais tout à l'heure. Intégrer les formateurs très en amont des projets. C'est eux qui ont une connaissance fine du terrain, des publics. Je parle d'expérience, on sait un peu les personnes qu'on a en face de nous, qui ont fait de la formation, on sait quels peuvent être les freins. Et donc, il faut vraiment impliquer les formateurs pour qu'ils soient acteurs du changement, écouter ce qu'ils ont à dire et pour qu'ils ne soient pas juste des utilisateurs.
Ensuite, le deuxième point, Il faut un temps dédié à l'appropriation. C'est pareil, on ne peut pas demander aux formateurs de mettre en place des nouvelles modalités pédagogiques sans leur laisser le temps de se former et de refaire leur déroulé pédagogique. Il faut qu'ils testent les outils, qu'ils voient, comment ils fonctionnent, le rendu que ça peut avoir. Il faut qu'ils adaptent. Le déroulé pédagogique qui était peut-être à la base un déroulé de face-à-face classique, comme on l'a tous connu en formation. Justement, maintenant, il va y avoir des interactions, il va y avoir des pauses, ou il va y avoir l'utilisation d'outils. Et le formateur ne fait pas que parler et faire des exercices, en tout cas, il va le faire de manière différente. Donc, il faut leur laisser du temps pour qu'ils préparent tout ça, donc c'est quelque chose qui doit être prévu dans les plannings, aussi en amont. Sinon, encore une fois, le formateur va prendre l'innovation comme une injonction, et ça va entraîner un rejet.
Ensuite, encore une fois, les formateurs ont besoin d'accompagnement et de formation continue parce que les outils évoluent non-stop. Encore une fois, on parlait de l'IA. On voit maintenant des nouvelles IA, qui sortent tous les trois jours, des nouvelles fonctionnalités. C'est plein d'exemples, mais même les outils pédagogiques évoluent. Et donc, c'est pareil, il faut que les formateurs puissent suivre cette évolution. Et donc, il faut également les aider dans leur veille technologique et travailler avec eux sur les nouveautés.
Et enfin, il faut valoriser, bien entendu, le rôle du formateur dans cette transformation. Encore une fois, les formateurs, c'est des médiateurs, des motivateurs, des pédagogues, et ils doivent être reconnus et soutenus dans cette évolution qui, parfois, semble les mettre en difficulté ou qui se sentent en danger. Et donc, étant donné que c'est eux qui sont en première ligne, il faut vraiment les soutenir pour qu'ils adoptent ces nouvelles technologies et qu'ils, surtout, les fassent adopter aux stagiaires. Et donc, pour ça, il est nécessaire d'avoir une équipe pédagogique qui soit vraiment très impliquée et outillée. Voilà, un petit peu, pour ma partie.
Delphine Juban, Via Compétences [00 : 00 : 00]
Merci, Philippe. Super. Merci. Merci à vous trois pour ce deuxième temps de webconférence, pour ces différents retours et présentations. On vous propose de terminer et de profiter du dernier temps qui nous reste pour aller puiser dans les questions qui ont pu être relayées, partagées, au regard de ce qui a pu être présenté en termes d'outils sur cette deuxième partie.
Il y a la question de ces outils en lien avec la taille de sa propre structure, de l'organisme de formation, donnant peut-être l'impression, à tort, que ces outils pourraient s'adresser à des organismes d'une taille assez importante. Est-ce que c'est le cas finalement, ou pas forcément ? Est-ce que Sophie voulait peut-être réagir là-dessus ?
Sophie Torre, Kwark
Oui, volontiers, parce que c'est vrai qu'en fait, pour nous, c'est dans notre ADN d'innover et je pense qu'on donne une image, peut-être qui bloque ou qui freine. Dans la mesure où, comme on a fait beaucoup de choses, mais c'est parce que c'est notre métier pur, c'est comme si on disait, eh bien, chez le coiffeur, il y a des personnes qui se coiffent. Voilà, chez nous, on innove tous les jours. Et en réalité, tout ce qu'on fait, c'est justement dans la recherche, comme je disais tout à l'heure, de solutions simples, d'une part, parce que je reprends exactement ce que disait Philippe à l'instant, c'est-à-dire que si un formateur ne s'empare pas parce que l'innovation porte sur une technologie, eh bien, ça ne prend pas, donc ça n'a pas de sens. Alors, on n'innove pas non plus que sur des technos. Je suis tout à fait d'accord avec ça aussi. Il y a aussi un mode de raisonnement, l'agencement des parcours, tout ce qui a été dit à l'instant par Philippe et Olivier, où ce sont les modalités pédagogiques qui sont différenciantes et où, en amont, on a innové sur la création du contenu ou une approche différente en se donnant des idées, des nouveaux exercices, des nouvelles méthodes de travail… Et non, vraiment, pas l'innovation, nous, tout ce qu'on essaye de faire si possible, c'est d'utiliser des outils qui sont gratuits, et c'est de les proposer aussi à nos clients. Je crois qu'il y avait une question sur les LLM qu'on avait utilisées. Alors, on en utilise énormément, mais on a utilisé différentes versions de ChatGPT, Gemini, Claude, Mistral, donc des versions gratuites qui sont à la portée de chacun. Et puis, après, ce qui fait la différence, j'ai envie de vous dire, c'est en fait l'habitude et les usages qu'on a de créer quelque chose qui est un peu innovant auprès de qui on peut, qu’on peut conseiller finalement à nos clients. Et ce n'est pas une question de taille, c'est une question d'envie en fait. Et pas de budget non plus, je précise. Parce que c'est quand même un vrai frein sinon.
Delphine Juban, Via Compétences
Merci, Sophie.
Sophie Torre, Kwark
Je vous en prie.
Delphine Juban, Via Compétences
On va essayer de garder un petit peu de temps pour déployer d'autres questions. Brice, je te laisse...
Brice Cristoforetti, Via Compétences [01 : 56 : 18]
Justement, en lien direct avec ça et je pense que Laetitia, à mon avis, pourra nous aider. C'est toute la question de « à qui je m'adresse ». En termes de dispositifs d'accompagnement, de financement, justement, quand je suis un petit OF. Peut-être de récapituler un petit peu les possibilités. Laetitia, je vous laisse prendre la parole.
Laetitia Flye Sainte Marie, Laet’smind
Merci beaucoup Brice. Effectivement, moi, j'accompagne principalement des petites structures. On en accompagne quelques-unes un peu plus importantes, mais plutôt des petits OF. Donc, effectivement, l'innovation, c'est d'abord un changement pédagogique, et ensuite, les outils sont au service de l'innovation et il existe, je suis tout à fait d'accord avec ce que vient de dire Sophie, des outils gratuits, même si tout ce qui est gratuit a un prix. Donc, en fonction de ce que vous faites, on ne vous conseillera pas d'outils gratuits, ça, c'est certain. Mais il y a des outils à tout petit prix qui permettent de faire des choses assez intéressantes. Encore une fois, tout ne nécessite pas du digital et tout dépend de votre projet. En ce qui concerne l'innovation et justement, ce qu'il se passe actuellement, donc, vous savez qu'actuellement, pour les fonds de la formation, voire même auprès des OPCO, pour l'Europe, c'est encore un peu différent et encore, les budgets sont un peu tendus. Mais il existe une solution en Auvergne-Rhône-Alpes. Je tiens à le souligner parce que c'est assez important et peu en bénéficient actuellement. Donc, le dossier est extrêmement simple à monter et les prestataires peuvent vous accompagner là-dessus. La Région a un appel à manifestation d'intérêt, donc ce n'est pas un appel d'offre, c'est vraiment un dossier de candidature à remplir si vous avez un projet de ce qu'on appelle modernisation de l'appareil formation. Alors ça veut tout dire et rien dire mais ça rentre complètement dans notre champ, c'est tout ce que vous allez faire différemment, comme Colin l'a dit. Le petit pas de côté qui va vous permettre de repenser les choses. C'est très large, c'est tant accompagner au changement, commencer à réfléchir à des prototypes, donc c'est des petits projets, des prototypes en digital learning, et ce que ça va changer dans nos habitudes et nos méthodologies. C'est de la stratégie. Et également sur l'offre de formation. J'ai une offre de formation de tel type, je souhaite passer en approche par compétence. Je souhaite qu'elle soit certifiante plus tard. Je souhaite avoir des modules d'intégration pour nos formateurs, etc. C'est très large. On vous mettra en ligne, hein Brice, une présentation sous Genial.ly. Vous allez retrouver des exemples, le nom des prestataires, aussi, qui peuvent vous accompagner dans le cadre. Et de la rédaction de votre candidature. Et par la suite, derrière, juste pour vous donner un cadre, il y a un diagnostic, on en a parlé, du fait de poser les choses, de faire un état des lieux. Tout le monde n'innove pas de la même façon. Le petit pas de côté que nous tous on va faire n'est peut-être pas le petit pas de côté de celui d'à côté, justement. Donc, il y a vraiment un diagnostic de 10 jours qui est fait par les prestataires pour aboutir à un projet. Et ensuite, vous bénéficiez de 20 jours de conseil. Avec back office, en fonction de ce que vous allez faire, ça fait une dizaine, quinzaine de jours. Ça fait quand même de quoi faire et c'est entièrement pris en charge par la Région. Donc, c'est quand même, il faut en profiter. Ça a été repoussé, ça devait s'arrêter au moins de juin de cette année. Vous avez gagné un an et il n'y a pas de date de candidature. Donc, c'est au fil de l'eau. Ce que je vous conseille quand même, il faut être organisme de formation de la région. C'est le seul point. Et vraiment, ce que je vous conseille, c'est de ne pas hésiter. Si vous avez un projet ou même une idée ou vous souhaitez en savoir plus, puisque tout le monde vous accompagnera pour vous dire ce qu'il en est. Quelle que soit la taille de votre structure, dans ces cas-là, on accompagne tant des grands groupes que des petites structures, voire même des OF d'une seule personne aussi. Il ne faut pas oublier que ça fait partie aussi des organismes de formation. Un formateur qui est indépendant, c'est aussi un organisme de formation. Voilà, et pour votre question sur l'innovation et sur les outils, c'est vrai qu'il y a une pléthore d'outils, une pléthore d'innovations possibles. Mais en fait, ça va vraiment de « je digitalise », « je repense », comme Philippe l'a dit, en classe inversée. Je revois les méthodes pédagogiques avec les formateurs ou les intervenants pour éviter d'être trop dans le descendant, même s'il en faut parfois, etc. Il y a vraiment énormément de choses à faire. Donc, sentez-vous libre. Innover, finalement, c'est l'affaire de tous, mais chacun le vaut au bout de son nez.
Brice Cristoforetti, Via Compétences
Merci Laetitia. Alors, Delphine, je crois qu'il restait peut-être très rapidement une question sur l'analyse prédictive, c'est ça ?
Delphine Juban, Via Compétences [02 : 00 : 45]
Exactement, on profite jusqu'au bout des dernières minutes, puisqu'il a abordé l'IA, bien évidemment. Lié à ce sujet est remontée la question de l'analyse prédictive en formation, qui permettrait d'anticiper des besoins en compétence, ou bien les préférences des apprenants. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur l'analyse prédictive ? Qu'est-ce qu'il en est vraiment finalement ?
Brice Cristoforetti, Via Compétences
Olivier, vous souhaitez répondre ?
Olivier Kirsch, GIFOD
Oui, tout à fait. Alors, je vais répondre en faisant un pas de côté à l'aide d'un exemple sur lequel on travaille avec Philippe Requet à l'heure actuelle. C'est, je dirais, l'aide par l'IA au tutorat, que le formateur met en place sur une plateforme de formation. On a créé un premier POC avec Philippe, où, en fait, on récupère les données de la plateforme Moodle pour essayer de détecter les signaux faibles de décrochage des apprenants. Et les premiers tests qu'on a faits nous ont, je dirais, bluffés quelque part. C'est-à-dire que le travail que normalement le formateur faisait à la main est, je dirais, de façon assez empirique. C'est-à-dire qu'on allait voir les durées de connexion, les taux de réussite aux quiz et autres. Et à partir de ça, on se disait, celui-là, il a peut-être un risque de décrochage. Quand on regarde la remontée qui a été faite par l'IA, c'est beaucoup plus fin, ça détecte des signaux vraiment minuscules. Et ça permet effectivement de mettre sur le bureau du formateur l'alerte très précise sur le cas qu'il faut traiter dans l'urgence. Et comme il y a l'obligation, comme vous le savez, en formation à distance d'avoir un tutorat pédagogique, en plus, ça permet de le rendre plus facile et quelque part, nos formateurs vont pouvoir remplir cette mission. Alors je ne sais pas si Philippe veut compléter le propos.
Philippe Requet, Arkesys
Oui, ben. Voilà en complément rapidement, effectivement, donc, on compile au travers des plateformes tout un tas d'informations, donc la fréquence de connexion, les durées, la chronologie d'accès aux ressources, le contenu des messages qui peuvent être postés. Les temps passés sur les quiz, les engagements, les temps de réponse. Enfin, il y a tout un tas de deux paramètres qu'on liste, qu'on analyse. Et, comme le disait Olivier, les résultats sont très efficients, d'une part, et font gagner un temps énorme, parce que ça c'était un travail qui devait être fait par chacun des tuteurs, pour tous les apprenants. Et donc, ce qui prenait un temps considérable, et ce qui faisait que, du coup, il y avait beaucoup moins de paramètres qui étaient pris en compte, parce que, sinon, le tuteur n'aurait fait que ça. Et l'intelligence artificielle, en revanche, va permettre, sans affect, c'est ça aussi qui est intéressant, de faire des retours très pertinents, très rapides, Et justement pour accompagner le tuteur et éviter toutes ces notions de décrochage qui sont vraiment le point noir lorsque les personnes se forment en autonomie sur des plateformes de formation.
Brice Cristoforetti, Via Compétences [02 : 04 : 00]
Merci, beaucoup, Philippe. Écoutez, on avait deux heures de webconférence, mais c'est passé quand même extrêmement vite. C'était sans doute lié au sujet. Merci d'avoir participé dans les commentaires et désolé pour les questions qu'on n'a pas pu poser. Mais vous pourrez toujours contacter aussi individuellement tous nos participants ou venir auprès de nous, le Carif Oref, pour prolonger cet échange. Vous dire déjà, vous remercier tout le monde et puis vous dire que cette webconférence s'inscrit dans le plan de professionnalisation. C'est tout un tas d'actions, des webinaires, des conférences, mais aussi des formations. N'hésitez pas à aller consulter un petit peu, ce qui reste dans l'offre de 2025. Il reste plein de possibilités pour continuer à monter en compétences. Et puis, c'est vraiment le navire amiral du Carif Oref, c'est le site Internet via-competence.fr, donc n'hésitez pas à vous y rendre, à vous abonner à nos newsletters. Je terminerais simplement en remerciant énormément tous les participants, les intervenants et toutes les personnes qui nous ont suivis aujourd'hui. Et puis merci, Delphine pour la co-animation. Merci, beaucoup, c'était passionnant. Et à très bientôt, pour de nouveaux échanges.