Pourquoi faire de la veille et comment s’y prendre ?
La veille consiste à surveiller de manière continue et organisée l’environnement pour en anticiper les évolutions. Comme le dit si bien notre spécialiste veille et information à Via Compétences, Marie-Caroline WUILLOT, dans l’épisode du podcast Lampe de Poche dédié à la veille : « La veille, c'est la bonne information pour la bonne personne au bon moment, afin de lui permettre de prendre la bonne décision ».

Pourquoi faire une veille ?
Qu’est-ce qu’une veille ?
Pour les professionnels de l’accompagnement, cela signifie rester informé sur les tendances du marché du travail, les nouvelles législations, les innovations en matière de formation et d’accompagnement. Cet effort visant à comprendre l’environnement qui nous entoure doit servir un but. La veille n’est pas la seule quête d’information pour elle-même, elle doit permettre de prendre des décisions, d’engager des actions.
Quelle utilité pour les professionnels de l’accompagnement dans la formation, vers l’emploi ?
La veille permet aux professionnels de :
- Faire évoluer leurs méthodes d’accompagnement en tenant compte des nouvelles réalités du marché du travail.
- S’adapter aux changements législatifs et réglementaires.
- Identifier de nouvelles opportunités de formation pour leurs publics.
- Améliorer la qualité de leurs conseils grâce à des informations actualisées.
Exemples concrets
Imaginez, un conseiller en insertion accompagne une personne dans sa reconversion professionnelle. Cette personne désire travailler au sein d’un centre de toilettage pour animaux…
Le rôle du conseiller sera alors de vérifier les formations disponibles ou non dans une zone géographique accessible par le bénéficiaire, d’analyser les opportunités d’emploi, de lever les freins…
En parallèle de ces étapes, sa veille lui permettra de mettre en évidence que, dans la région, les financements pour les reconversions sont orientés vers des métiers du secteur de l’énergie et de la transition énergétique ou encore vers des métiers en tension. Qu’en outre, les prévisions d’embauche en région restent faibles. Et de ce fait, il s’agira d’inclure dans les éléments à prendre en compte pour la personne accompagnée, cette donnée économique.
Prenons à présent le cas d’un formateur : se tenir informé de l’actualité sur la formation lui permet de définir s’il est soumis à l’obligation d’avoir des contenus de formation totalement accessibles dès l’été ou s’il n’est pas encore concerné.
Cela lui permettra également d’avoir conscience des méthodes pédagogiques actuelles, à corréler avec les habitudes de formation des personnes qu’il accompagne, pour améliorer ses formations.
Quelles veilles réaliser ?
La veille socio-économique
Quels sont les métiers qui recrutent, les compétences recherchées ? Où se trouvent les zones d’emploi, quelles sont les nouvelles infrastructures qui vont faire évoluer l’accessibilité à une zone, le développement du tissu économique ? C’est à ces questions que la veille socio-économique permet de répondre, entre autres.
Cette veille permet de surveiller les tendances du marché du travail, les secteurs porteurs, les compétences recherchées, etc. Utile pour tous les professionnels, elle s’appuie sur des sources comme les rapports de France Travail, de l’INSEE, des observatoires régionaux de l’emploi et de la formation, etc.
D’ailleurs, nous en parlons dans un épisode de Lampe de Poche, le podcast de Via Compétences :
Écoutez notre épisode sur les données socio-économiques
00:00:01 Générique
Emploi, orientation, formation, lampe de poche, le podcast qui éclaire votre quotidien pro.
Le podcast qui éclaire votre quotidien pro.
00:00:15 Extrait humoristique – Lison DANIEL
Bon, c'est moi qui suis là, je suis étudiante en statistique, C'est vraiment un truc qui me passionne, ça me consume même. Je vois tout sous le prisme des stats, même le mot statistique qui, sur 11 caractères, contient. 30% de S, 30% de T, 20% de I, tandis que A, Q, U et E représentent 10% chacun.
C'est génial.
Mais je m'égare.
00:00:31 Floriane BURSIN HAMDI (Animatrice)
Quand on accompagne des publics vers et dans l'emploi, qu'on les oriente ou participe au développement de leurs compétences, c'est un véritable atout que d'avoir conscience des spécificités du territoire, des bassins d'emploi, des tendances à la hausse ou à la baisse des recrutements dans certains secteurs, la possibilité de se former ou non. Les données socio-économiques sont un peu comme une carte. Grâce à elles, aller plutôt à droite ou à gauche devient alors plutôt aller vers l'Ouest ou vers l'Est, vers Clermont-Ferrand ou Grenoble, en Auvergne-Rhône-Alpes. Et en fonction des contraintes, adapter le trajet. Mais comment construire cette cartographie et comment s'en servir sans être expert en géographie ou en sociologie ? Nous allons aborder le sujet avec deux invitées aujourd'hui. Bonjour, Anne. Bonjour Christelle.
00:01:12 Anne SERANDON (Invitée)
Bonjour.
00:01:12 Christelle CHAUDRON (Invitée)
Bonjour.
00:01:13 Floriane
Anne Serandon, qui est chargée de mission études, emploi, formation chez Via Compétences, et Christelle Chaudron, responsable de l'Espace territorial de Transitions Pro Clermont-Ferrand. Elles nous ont rejoints ce jour pour aborder la question de l'intérêt des données socio-économiques pour les professionnels de l'accompagnement. Alors, avec elles, nous allons parler outils et méthodes qui permettent de se tenir informé sur les tendances socio-économiques. Pour commencer, Anne, toi, qui es analyste socio-économique, peux-tu nous expliquer ce que sont les données socio-économiques ?
00:01:42 Anne
Les données socio-économiques peuvent couvrir une vaste étendue d'informations. Elles peuvent concerner, par exemple la santé, l'alphabétisation, la population, le niveau de vie... Mais sur le sujet qui nous intéresse, on va plus parler de données sur l'emploi, la formation, le marché du travail, l'insertion des populations, leur niveau de vie. Ce sont des chiffres qui proviennent de sources de données. Ces sources de données sont produites par des structures telles que, par exemple, l'INSEE, France Travail, ou les rectorats, les ministères, ou des structures telles que Transitions Pro. Et elles peuvent ensuite provenir d'enquêtes telles que le recensement de la population, par exemple, de l'INSEE, l'enquête aussi, dont on parle beaucoup, « besoin en main-d'œuvre » de France Travail, ou de données administratives, par exemple, les inscrits auprès de France Travail, c'est une donnée administrative.
00:02:36 Floriane
Christelle, toi, qui travailles au sein de Transitions Pro, qui accompagne les salariés dans leur reconversion professionnelle, ces données, toi ou les équipes de la structure, est-ce que vous vous en servez ?
00:02:47 Christelle
Alors, oui, on s'en sert tous les jours, voire même plusieurs fois par jour. C'est un indispensable et un incontournable de nos activités. La donnée socio-économique, elle est utile et pour l'usager, et pour toutes les personnes qui accompagnent dans un choix de formation, dans un choix de réorientation professionnelle, etc. Mais elle est aussi utile pour les structures qui prennent des décisions : les instances décisionnaires, les pouvoirs publics, pour avoir également des éléments d'information sur ce qui se passe, ce qui bouge.
00:03:28 Floriane
Pour se faire une vision claire de la région, d'une zone géographique en particulier, pour orienter, accompagner, conseiller, comment est-ce qu'on s'y prend : est-ce que vous réalisez une veille socio-économique ? Est-ce qu'il y a des outils en particulier ?
00:03:40 Christelle
Alors, on s'appuie déjà sur les outils qui sont au moins existants. Et qui sont bien entendu gages de fiabilité, dont les sources sont vérifiées. Et ensuite, on va créer aussi nos propres outils, qui sont très ciblés par rapport à nos besoins. Quand je parle des outils qui existent déjà : les outils de France Travail, par exemple, MétierScope, le site Data Emploi. Et après, on a nos propres données en interne, qu'on exploite aussi. Par exemple, on a l'Observatoire des transitions professionnelles, qui est une enquête qui est menée auprès des anciens bénéficiaires de financement de Transitions Pro, chaque année, qui nous donne l'information de quelles sont les formations pour lesquelles le taux de réussite du parcours est le plus important. Et après, comme autres outils qui sont utilisés, c'est aussi tous les observatoires qui peuvent être réalisés par les branches professionnelles, les informations de France Stratégie, les publications de la DARES, qui nous permettent globalement de nous alimenter et d'essayer de prendre les décisions qui sont les plus justes possibles au regard de la réalité socio-économique.
00:04:51 Anne
C'est vrai qu'il y a beaucoup d'outils, il y en a de plus en plus, on a tendance un peu à se noyer sous le nombre d'outils. C'est vrai que France Travail en produit beaucoup. Il y a Datascope, qui est un peu le pendant de Data Emploi, qui est plus à destination des pros. Il y a aussi Cléor, qui est plus à destination du grand public, mais qui donne déjà des premières perspectives de données socio-économiques. Puis il y a aussi, par exemple, le ministère du Travail, avec les données sur les tensions du marché du travail, qui peuvent être aussi un outil utile pour toutes les personnes qui s'intéressent au marché du travail et aux perspectives de recrutement. Je pense qu'on en a déjà pas mal.
00:05:30 Floriane
Alors, du coup, si à toutes les deux, je vous pose la question de savoir comment est-ce qu'on s'y prend quand on part de zéro : comment est-ce qu'on fait ? Comment est-ce qu'on s'y met ?
00:05:38 Anne
Il faut déjà partir de la question que l'on se pose. Enfin, si on veut avoir des informations sur la demande d'emploi, il faut regarder un outil de France Travail, ou si on s'intéresse plus à l'emploi, on va regarder, par exemple Datascope. Mais ce sont des exemples.... Mais il faut vraiment partir de la question que l'on se pose.
00:06:02 Christelle
On peut s'y perdre effectivement en fonction de l'objectif. Je pense qu'il faut se créer ses petits favoris, parce qu'effectivement, ça ne sert à rien d'avoir pléthore de données, si, au final, on n'en exploite que très, très peu, et parce que ça ne s'improvise pas. La manière d'appréhender les données, de les interpréter, peuvent rapidement vous amener sur une mauvaise piste si vous n'avez pas des connaissances de base sur son utilisation, est-ce que les données sont fiables ? Quelles sont les sources ? Est-ce qu'elles sont représentatives ou pas… ? Donc, des questions à se poser pour ne pas tout prendre comme argent comptant, mais surtout prendre du recul par rapport à tout ça, parce qu'effectivement, on est inondé d'informations.
00:06:50 Floriane
L'information nous entoure, c'est certain. Mais grâce à vous, on a déjà quelques repères, merci. Et maintenant que nous avons vu comment accéder à ces données, parlons de leur utilisation concrète. Christelle, est-ce que tu aurais. un cas d'usage concret, où ces données socio-économiques auraient permis d'améliorer l'accompagnement des publics ?
00:07:07 Christelle
Oui, tout à fait. C'est la création d'une plateforme qui s'appelle la plateforme Maude pour « Métiers d'AUjourd'hui et de Demain », qui est une plateforme numérique qui permet aux salariés qui souhaitent se reconvertir - elle est accessible gratuitement sur notre site internet - de pouvoir voir la liste des métiers les plus porteurs à la reconversion dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. L'utilisation des données a été primordiale puisqu’elle permet de faire ressortir les métiers pour lesquels il y a le plus de demandes d'emploi, le plus de dynamisme en termes d'employabilité.
00:07:46 Floriane
Et toi, Anne, il me semble que tu as peut-être sur le bout des lèvres une autre situation qui illustrerait l'usage concret des données socio-économiques ?
00:07:54 Anne
Moi, ce sera peut-être plus au niveau de l'accompagnement des décideurs. C'est des outils tels que Dataemploi ou Datascope, qui permettent de mettre en exergue les caractéristiques d'un territoire. Et de pointer les manques dans la raquette, en termes de formation, par exemple, et qui permettent ensuite aux décideurs de mettre en œuvre des sessions de formation. Et qui permettent ensuite aux jeunes ou moins jeunes de suivre ces formations et d'accéder à l'emploi.
00:08:23 Floriane
Avant de raccrocher, le micro, est-ce que toutes les deux, Anne, Christelle, vous pourriez résumer en deux mots chacune, le lien entre les données socio-économiques et l'accompagnement des publics ?
00:08:34 Anne
Moi, je dirais que c'est la première étape de la fusée. Ça permet de cibler et d'avoir un premier niveau de connaissance. Et ensuite, Il faut affiner les données, connaître le public ou le besoin pour répondre au mieux.
00:08:50 Christelle
Oui, c'est l'architecture sur laquelle reposent l'analyse et l'accompagnement. Pour autant, ça ne suffit pas. On ne peut pas s'arrêter que là-dessus, ni pour faire des choix, ni en tant que décideur ou financeur, prendre des décisions. On rajoute plein de choses : il y a bien entendu, l'humain dedans, il y a le contexte. C'est un squelette à partir duquel il faut que d'autres choses s'agrègent pour que ça ait une cohérence vraiment globale et que le squelette puisse marcher.
00:09:24 Floriane
Sur ces images et ces indications, nous allons raccrocher le micro, prendre le temps de dessiner le chemin vers ces données socio-économiques qui gravitent autour de nous et trouver notre voie pour en faire de véritables alliés dans notre mission d'accompagnement du public.
00:09:38 Générique
Vous accéderez aux infos pratiques et ressources liées à notre discussion du jour dans la description de cet épisode. Et en attendant de vous retrouver autour d'un prochain sujet, nous vous invitons à nous suivre sur LinkedIn et sur notre site Internet via-competence.fr, qui regorge d'infos et de pépites pour les professionnels de l'orientation, de la formation et de l'emploi.
La veille sur l’environnement législatif relatif au domaine
Quelles sont les nouvelles lois et réglementations qui impactent les domaines de l’emploi, de la formation et de l’insertion ? Comment ces changements législatifs peuvent-ils affecter les pratiques professionnelles et les droits des bénéficiaires ? C’est à ces questions que la veille sur l’environnement législatif permet de répondre.
Cette veille est essentielle pour surveiller les évolutions législatives et réglementaires. Elle permet aux professionnels de rester informés des dernières mises à jour légales et d’adapter leurs pratiques en conséquence. Les sources incluent les sites officiels du gouvernement, les bulletins officiels, les publications des ministères concernés, et les plateformes spécialisées comme Légifrance.
La veille sur les innovations et pratiques d’accompagnement
Quelles sont les nouvelles méthodes d’accompagnement et les outils numériques émergents ? Comment les bonnes pratiques partagées par les pairs peuvent-elles améliorer les services offerts ? C’est à ces questions que la veille sur les innovations et pratiques d’accompagnement permet de répondre.
Cette veille concerne les nouvelles méthodes d’accompagnement, les outils numériques, et les bonnes pratiques partagées par les pairs. Pour avoir une idée de ce qui est testé, des résultats obtenus… les revues professionnelles, les blogs spécialisés et les réseaux sociaux professionnels sont des sources pertinentes.
Quelle méthodologie pour faire sa veille ?
Le cycle de veille
Dans l’épisode du podcast Lampe de Poche dédié à la veille, l’experte invitée, pointe le risque d’« infobésité ». Risque auquel nous sommes soumis quand on cherche à comprendre son environnement.
Les sources d’information ne manquent pas, les actualités non plus. Se poser pour prendre le temps de réfléchir à sa veille ajoutée à une méthodologie permet de réduire le risque de tomber dans la surcharge mentale inutile.
On retiendra que les 5 étapes d’une veille structurée sont :
- Identification des besoins en information.
- Collecte de l’information à partir de sources diverses.
- Analyse et traitement de l’information pour ne sélectionner que ce qui est pertinent au regard de ses objectifs.
- Diffusion de l’information pertinente aux parties prenantes.
- Évaluation continue des sources et ajustement de la veille.
Écoutez notre épisode sur la veille
00:00:01 Générique
Emploi - Orientation - Formation. Lampe de poche, le podcast qui éclaire votre quotidien pro…Le podcast qui éclaire votre quotidien pro…
00:00:16 Extrait d'une chronique humoristique sur France Inter
6h57. C'est à vous Daniel Morin ! Oh oui ! Ce weekend j’ai été assailli par l'info. L'info, l'info, l'info, l'info... J'étais au taquet pour ne rien rater. J'étais en alerte permanente sur tous les sites d'infos. Et ben il y a de la matière, croyez-moi. Tenez, exemple : "Laetitia Halliday, est-elle prête à changer de vie pour Pascal Balland ?" Mais qu'est-ce qu'on en à foutre. Je m'en fous de Laetitia Halliday. Je m'en fous mais... Mais j'ai cliqué ! Oui comme un con, j'ai cliqué ! Je me suis dit ce Pascal Balland, ça se trouve c'est un mec hors du commun, une tronche et ce rapprochement entre le vide et l'immense peut s'avérer intéressant. Non non pas intéressant. Le gars est restaurateur à Paris. J'ai offert du clic à un site à la con.
00:00:55 Julie MULOT (Animatrice)
La multiplication des médias et des supports nous donne l'impression parfois d'être noyé dans un flux constant d'information. Pourtant en tant que professionnel, il est indispensable de faire de la veille. Alors comment se tenir au courant des évolutions et actualités de nos domaines sans, pour autant se sentir victime de ce qu'on appelle "infobésité" ? Aujourd'hui nous échangeons avec Marie-Caroline, chargée de mission veille et information chez Via Compétences.
Marie-Caroline, comment fais-tu pour être au taquet et ne rien rater comme le dit Daniel Morin dans l'extrait de sa chronique que nous venons d'entendre ?
00:01:26 Marie Caroline WUILLOT (invité)
Et bien je trouve que Daniel Morin commence déjà à nous donner des premiers éléments de réponse. Il nous montre qu'il faut d'abord se poser la question de "pourquoi est-ce qu'on fait de la veille" ? Pourquoi est-ce qu'on recherche telle ou telle information ? Il nous montre qu'il faut savoir prendre du recul et trier. Et de ce fait qu'il faut définir des objectifs et des enjeux à notre veille.
00:01:47 Julie
Alors peut-être que pour commencer, nous pourrions définir ce que c'est que la veille ?
00:01:26 Marie Caroline
Oui bonne idée. La veille, c'est la bonne information pour la bonne personne au bon moment, afin de lui permettre de prendre la bonne décision. On voit que derrière cette définition, il y a la notion d'utilité de la veille. A quoi sert notre veille ? Et derrière la notion d'action aussi. On va engager une action avec les informations qu'on aura récupérées grâce à notre veille.
00:02:09 Julie
Quelles sont les difficultés qui sont remontées par les professionnels sur cette activité de veille ?
00:02:11 Marie Caroline
Et bien les même que tout le monde. Donc l'infobésité. L'infobésité c'est ce qu'on pourrait appeler la surcharge informationnelle. Le fait de se sentir noyé sous un flux d'informations. Alors les professionnels de la veille ont une méthode pour justement essayer de lutter contre cette infobésité. Ça passe par la structuration du travail de veille. Et pour ça, on utilise ce qu'on appelle "le cycle de la veille". Alors le cycle de la veille se décline en quatre grandes étapes. La première étape va consister à définir et analyser son besoin d'information. Ensuite, seconde étape, nous allons commencer à rechercher, à collecter de l'information. Puis troisième étape, on va commencer à analyser et à traiter l'information pour voir ce qui est vraiment intéressant et utile dans le cadre de notre veille. Et puis, enfin, on va capitaliser et diffuser l'information.
00:02:55 Julie
Pour la première étape qui est celle de l'analyse des besoins est-ce que tu peux nous donner des conseils et des outils ?
00:03:00 Marie Caroline
Alors tout d'abord pour analyser les besoins, on va voir à qui s'adresse cette veille, en interrogeant les destinataires de notre veille pour bien comprendre leurs besoins. Et, une manière assez simple de questionner nos destinataires, c'est d'utiliser la méthode "QQOQCCP" : Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi ? C'est peut-être pas dans l'ordre, mais bon voilà c'est l'idée. À partir de cette méthode, on va pouvoir savoir à qui on va s'adresser vraiment, quel genre d'informations vont être utiles, quand est-ce qu'il va vouloir être informé. On va commencer à décliner notre stratégie de veille. Mais aussi, on a d'autres outils qui peuvent nous aider. Ce sont les outils d'intelligence artificielle. Actuellement on utilise beaucoup Chat GPT. Un autre outil qui est français qui est "le chat" généré par Mistral AI peut être intéressant à utiliser. En tout cas c'est les outils qu'actuellement j'utilise. Et sur ces outils, on va les interroger. Par exemple on peut lui demander : "quels sont les besoins de veille pour un organisme de formation" ? Ou alors, pour un professionnel de l'orientation, à partir de sa première réponse, on va lui demander "eh bien déclines-moi un plan de veille" pour que je commence à à réaliser ma veille à partir de ces éléments-là. On peut aussi être un peu plus précis en lui demandant : quels sont les axes de surveillance ? Quels sont les types de sources que tu vas pouvoir me proposer ? L'intelligence artificielle aussi peut avoir un intérêt sur la phase suivante pour nous permettre de trouver les bons mots clés. Ce sont des outils qui vont vraiment nous aider à décliner le champ lexical de tel ou tel sujet.
00:04:26 Julie
Écoutes, parfaite transition pour entamer notre discussion sur l'étape suivante qui est celle de l'identification des sources. Est-ce que tu peux nous en dire plus ? Comment faire face à une telle diversité ?
00:04:38 Marie Caroline
On a l'habitude de dire que le sourcing, donc l'identification des sources, c'est la valeur ajoutée numéro 1 du veilleur. C'est-à-dire que si on trouve des bonnes sources d'information, forcément on aura des bonnes remontées de veille et on va pouvoir proposer une information intéressante et utile à nos destinataires. Alors pour évaluer l'information, on peut décliner trois grands concepts. La qualité de l'information, sa fiabilité et sa pertinence. Pour identifier, évaluer la qualité de notre information, on va chercher à savoir si cette information est précise, complète, à jour. Si elle est originale. Si ce n'est pas le cas, si les sources sont citées, si l'information est bien structurée etc... Ensuite, on va s'intéresser à la fiabilité. La fiabilité de l'auteur et la fiabilité de la source. Pour décrire la fiabilité d'un auteur, on va rechercher quels sont ses écrits. On va voir s'il a aussi déjà travaillé avec d'autres auteurs qui eux sont peut-être connus et dont on sait qu'ils sont fiables. De la même manière, pour identifier la fiabilité d'une source, on va aussi regarder si cette source va pointer vers d'autres sources qui elles-même sont des sources connues et reconnues. Ou alors si d'autres sources vont pointer vers cette source-là. En fait on mène vraiment un travail d'enquête. Dernier critère, c'est celui de la pertinence et là c'est un critère relatif. On va s'intéresser à savoir si cette information, elle va m'être utile. Et là peut-être je peux faire une petite parenthèse sur la différence entre une information intéressante et une information utile. Une information intéressante peut être juste intéressante, mais pas forcément utile. Une information utile, c'est une information qui va nous permettre d'engager une action ou de prendre une décision.
00:06:13 Julie
Alors on arrive aux deux dernières étapes qui sont celles du traitement et de la capitalisation. Comment peux-tu nous aiguiller pour les mettre en œuvre ?
00:06:22 Marie Caroline
Alors il existe différents outils pour ces deux grandes étapes qui sont soit ce qu'on appelle des agrégateurs de flux RSS ou alors des outils de curation. Qu'est-ce qu'un agrégateur de flux RSS ? Et déjà qu'est-ce qu'un flux RSS ? Ce sont des technologies qui vont nous permettre d'être alerté sur les dernières mises à jour d'un site ou d'un blog par exemple. Parmi les agrégateurs de flux RSS qui existent, il y a Inoreader qui est l'outil que l'on utilise chez Via Compétences qui va nous permettre d'agréger différents flux, émanant de différents sites et qui vont nous permettre d'engager ce travail de traitement et de capitalisation. C'est-à-dire qu'on va recevoir des flux d'informations, on va les trier, on va les sélectionner, les catégoriser pour pouvoir les classer et ainsi les retrouver facilement. D'autres outils existent aussi qui sont plus des outils de curation et de collaboration comme "pearltrees" qui est un outil français et "Wakelet". Alors avec ces outils, on va pouvoir créer des collections thématiques et également annoter et partager les contenus que l'on aura trouvés intéressants. Pour être plus précise, qu'est-ce qu'un outil de curation ? C'est un outil qui va permettre de sélectionner des informations. Non seulement les sélectionner mais aussi les organiser et les présenter d'une manière à les éclairer en fait. Voilà à les rendre plus intelligibles et utiles à l'action.
00:07:41 Julie
À t'entendre ainsi parler de ton expertise sur la veille, ça me donne l'impression qu'il faut beaucoup de compétences pour exercer une veille efficace ? Comment est-ce que on peut venir en soutien des professionnels sur ce plan ?
00:08:00 Marie Caroline
Et bien en leur proposant des outils qui sont faciles à prendre en main. Et chez Via Compétences, on a déjà une veille qui est relativement poussée qui peut intéresser les différents professionnels de l'emploi, de la formation et de l'orientation. On propose, par exemple, une offre d'information qui est relativement complète, avec par exemple notre site www.via-competences.fr qui va décliner des actualités sur ces différents champs-là. On réalise environ 10 actualités par semaine. Ce qui est déjà assez intéressant pour faire une veille. On propose également différentes veilles, une quarantaine de veilles en fait qui sont déclinées par thématique sur le site de la médiathèque. La médiathèque de Via Compétences, à partir de laquelle on va pouvoir s'abonner. Il faut savoir que cette veille, on est environ une vingtaine de personnes chez Via Compétences à la réaliser en fonction de nos domaines d'expertise.
00:08:42 Julie
Avant de conclure cet épisode, est-ce qu'on peut faire un petit focus pour les organismes de formation parce que Qualiopi est venu mettre l'accent sur la nécessité de faire sa veille. Avec aussi l'exigence de fournir la preuve de cette veille. Est-ce que tu peux nous donner des conseils à ce sujet ?
00:09:00 Marie Caroline
Avec Qualiopi, effectivement il faut prouver qu'on a mis en place une veille. Mais au-delà de ça, il faut prouver qu'on exploite les résultats de cette veille. Alors pour ce faire, on peut tout simplement élaborer ce qu'on appelle un tableau de suivi au format de tableau Excel. Avec une première colonne, on va répertorier les éléments qu’on trouve intéressants et qu'on qu'on souhaite exploiter. Et puis après on va décliner un certain nombre de colonnes qui vont correspondre aux indicateurs Qualiopi concernant la veille. Et puis dernière colonne, et bien là, on va décliner les actions qui vont être mises en œuvre ou qui ont déjà été mises en œuvre. Avec ce tableau on répond déjà aux demandes de Qualiopi.
00:09:32 Julie
Merci pour toutes ces explications. En trois mots que conseilles-tu à nos auditeurs pour une veille efficace ?
00:09:40 Marie Caroline
Alors en trois mots, je dirais d'abord qu'il faut de la régularité. Il faut être vraiment régulier dans sa veille, faut montrer qu'on maîtrise cette veille et que c'est pas elle qui nous maîtrise. Donc se fixer des rendez-vous. Un second mot, c'est un mot que j'aime beaucoup, c'est le mot de serendipité. La serendipité qu'est-ce que c'est ? C'est trouver ce que l'on ne cherche pas. C'est-à-dire que dans notre veille, on va être confronté à beaucoup d'informations et puis aussi des informations auxquelles on n''aurait pas pensé. Il faut savoir être curieux, savoir rebondir sur cette information-là et voir en quoi elle peut nous être intéressante, même si on y avait au préalable pas pensé. Et et puis dernier mot, alors c'est un groupe de mots c'est que la veille est une activité itérative. Alors qu'est-ce que ça veut dire une activité itérative ? Et bien c'est, j'avais parlé au tout début de ce podcast du cycle de la veille en déclinant quatre grandes étapes, en fait il y a une 5ème étape. C'est l'étape d'évaluation. Et cette étape-là, elle se fait tout au long de notre cycle. C'est-à-dire que quand on commence à identifier les besoins et bien ces besoins peuvent évoluer. Donc on va évaluer ceux-ci. Ensuite on va aussi évaluer nos sources. Ces sources peuvent avoir elles-même évoluées. D'autres sources peuvent être apparues. Donc tout ce travail-là il faut le faire en continu. Et on est vraiment dans le cadre de la veille, dans un processus d'amélioration continue.
00:10:58 Julie
On arrive à la fin de cet échange. Merci Marie-Caroline pour ce partage qui nous aura donné des pistes concrètes pour acquérir méthodologie et outils pour une veille efficace. Vous accéderez aux infos pratiques et ressources liées à notre discussion du jour dans la description de cet épisode. Et, en attendant de vous retrouver autour d'un prochain sujet, nous vous invitons à nous suivre sur LinkedIn et sur notre site internet www.via-competences.fr qui regorge d'infos et de pépites pour les professionnels de l'orientation, de la formation et de l'emploi.
Les écueils à éviter
Il est essentiel de distinguer l'intérêt pour des informations de leur utilité réelle. Une information peut sembler captivante, vous permet-elle néanmoins de répondre aux enjeux qui ont amené à réaliser une veille ? Ou ne serait-ce pas finalement une distraction ?
Un autre écueil majeur réside dans le manque de structure : une veille non organisée ou reposant sur peu de sources peut être inefficace voire partiale.
Enfin, selon les sujets, la complexité des nomenclatures et des classifications utilisées peut amener à des erreurs d’interprétation ou de compréhension. Par exemple, dans la veille socio-économique, selon la nomenclature utilisée, le terme "aide-soignant" peut désigner uniquement les aides-soignants ou inclure également les infirmiers, selon les contextes et les sources. De même, dans la veille législative, des termes juridiques spécifiques peuvent avoir des significations différentes selon les textes de loi ou les juridictions.
Ces défis soulignent que la veille nécessite des compétences spécifiques et une expertise approfondie. Les veilleurs professionnels, grâce à leur formation et leur expérience, sont capables de naviguer dans ces complexités et de fournir des informations précises et utiles.
Se lancer !
Les équipes de Via Compétences réalisent une veille continue et poussée, pour apporter une information de qualité aux professionnels de l’emploi, de la formation et de l’orientation en région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec des articles d’actualité et des pages mises à jour régulièrement sur les thématiques qui importent quand on accompagne des publics, on accède à une information vérifiée, reformulée et condensée.
Il est également possible de suivre des fils de veille, pour approfondir une thématique avec des sources vérifiées, qu’il s’agisse de :
- actualité socio-économique
- formation professionnelle et politique de l’emploi
- accompagnement des publics spécifiques (personnes en situation de handicap, d’illettrisme ou d’illectronisme, des séniors, des personnes étrangères …)
- métiers qui font l’actualité (numérique, sanitaire et social, nucléaire…).
Alors, quel veilleur serez-vous à l’avenir ?
Actualités
- Handicap
- Politiques publiques

Préparation à l’emploi du public en situation de handicap
- Métiers

Transport et logistique : zoom sur un secteur porteur
- Orientation

Plan Avenir : une nouvelle politique publique de l’orientation
- Formation
- OFeli
